Lâcher une ancienne peau, la fendre et s’en extraire, ce n’est pas rien.
La tête sait que c’est juste,
le cœur parfois le sent,
le ventre résiste, se durcit.
Les muscles et les tendons se crispent,
la chair hurle,
la peau est brûlure.
Il aurait été juste de pleurer aujourd’hui, j’ai couru du matin au soir, à part ce moment donné à quelqu’un qui m’a été recommandé, et ces instants avec les enfants, ce soir. Doux et notoirement insuffisant.
Alors ce soir, en dépit de l'heure tardive, et du froid mordant mes joues, mon pas ne faisait que se ralentir. Trop de chagrin. Pas envie de le voir, de les voir. Dans ce qui ressemble à ce qui a été, et n'est plus.
Est venu alors dans tout mon corps la sensation de ce rêve d'il y a deux ans et demie.
"J'ai disposé lors d'une fête des morts du squelette d'un de mes ascendants.(c'était étonnant, un peu comme ces fêtes à Madagascar où on nettoie et déplace les os des morts chaque année)
Ma mère était là, mais pas à se plaindre comme d'habitude, plutôt forte.
J'avais de la peur et un peu de dégout, mais je suis allée le chercher.
Il y avait seulement une partie des os, tout était propre.
Je l'ai déplacé, avec soin, en disposant les os avec beaucoup de respect. Sur une table, où d'autres squelettes étaient là aussi.
Au bout d'un moment je me suis aperçue qu'il avait disparu.
Je ne saurais dire de quoi il s'agissait mais l'énergie "récupérée" par ce nettoyage était tellement forte qu'il a fallu que je me réveille pour le célébrer. Grande joie. Libération"
Les ossements déterrés, et nettoyés, patiemment, avec amour, puis remis en terre.
Quelque chose de très paisible, de juste, de joyeux.
Oui, j’ai besoin de nettoyer mes propres os de tout ce qui est collé dessus. Patiemment, avec amour, avec sérieux.
Savasana, la posture du cadavre. Tout lâcher.
Jusqu’à trouver du repos dans ce qui est essentiel. Léger et solide.
Et ce soir, je lis cela. Étonnant "hasard".