28 mai 2012

La honte


Sophie Quérin, Fleurs étiolées
Une fleur d'encre noire
pourrissait dans mon cœur.
Je l'ai extraite aujourd'hui.
Sortilège fini.

La honte du désamour,
bue jusqu'à la lie,
n'a plus qu'à s'échapper vite, vite,
loin de mon courroux.

Je veux à nouveau, tête haute,
sourire de ma vie.

27 mai 2012

Revenir

Revenir du pays d'enfance, retrouver ma maison, mes enfants, ce foyer coupé en deux, espoirs brisés.

Sous le soleil radieux du quartier, faire les courses et croiser d'un coup toutes les copines que je n'ai pas vues depuis 6 mois. 
Prendre et donner des nouvelles, nos tristesses : morts, ruptures, harcèlements pro.  Les larmes montent aux yeux parfois. 
Que faire sinon partager, le coeur le plus ouvert possible ? Profiter des joies.

Lire, faire une sieste.

Fêter les 11 ans de R, presque comme avant, moments d'exaspération inclus. 
De la joie, et en fond ce déchirement. Probablement encore six mois de cohabitation. 
C'est long.

Une fois la journée terminée, la cuisine rangée, prendre le temps de me regarder, telle que je suis.

Dormir enfin, une vraie nuit.

19 mai 2012

Maman

Dans cette chambre, dans ce lit,
ne restait, la tempête passée,
que son souffle .

Dernière amarre,
solide et fragile à la fois,
toutes les autres s'étant petit à petit délitées.

Son dernier soupir,
si doux,
caresse d'Amour,
pour la délier.


La mort nous a rendu ta présence entière,  maman,
sans la maladie,
sans la peur,
sans la colère.


Je ne peux que remercier,
infiniment,
de ce que nous avons vécu,
toutes quatre ensemble,
et qui nous porte maintenant.


"On m'a tranché le cœur pour y verser un vin miraculeux."
Christian Bobin,  Carnet de soleil

11 mai 2012

Ouvrir l'enclos

Je m'étais réjouie en apprenant sa nomination.
J'avais frémis un instant lors de notre premier entretien, comme un frisson du cheval sauvage en moi.
Depuis je collaborais en lui proposant d'allier nos complémentarités...mais c'était devenu pénible ces dernières semaines : ses décisions hâtives, ses postures brusques, toujours plus de commandes urgentes, jamais un merci, toujours plus de contrôle, et de l'agacement réciproque. 
Au point d'être en colère devant l'écart criant entre les mots et les actes.
Au point de me dire que ça devenait dangereux pour moi dans la période déjà tellement bousculée que je traverse.

La semaine dernière j'ai commencé à désespérer.
Mardi dernierj'ai parlé de mes difficultés dans une discussion amicale et eu des infos sur les profils recherchés.
Deux jours plus tard, je disais avec aplomb mon intérêt pour une des missions proposées à celui qui voulait me voir pour autre chose.
Vendredi dernier j'ai demandé conseil sur l'attitude appropriée pour partir plus tôt que prévu dans de bonnes conditions.
Lundi, j'ai vu mon patron à l'aube.
Hier, j'ai eu l'autorisation de faire acte de candidature. Je l'ai même senti soulagé, celui avec qui cela ne colle pas vraiment. Même s'il craint de ne pas retrouver assez vite.
Aujourd'hui, j'ai eu une belle proposition inattendue, à l'issue d'une discussion d'une grande liberté de ton sur un dossier difficile que je porte avec bonheur pour cette personne. Rien n'est fait, mais je respire de retrouver un regard bienveillant sur mes pratiques, des valeurs partagées. Il y a des endroits où être la personne que je suis, travailler comme je travaille, est acceptable voire recherché. Soulagement.

Je tiens au courant mes plus proches collaborateurs, ceux que j'ai choisis, et avec qui je partage au quotidien,  avec joie, convictions, innovations, regard sur le travail, exigence sur notre posture d'intervenants. Ce sera déchirant de les quitter, mais il me faut m'occuper de moi, aussi. Couler serait bien pire. Choix de maturité.
Je sais que nous resterons en lien. Ils savent pouvoir compter sur moi, à vie.

2012 est une année de changements, décidément.


Et ce soir, à nouveau l'incertitude sur l'issue de la bataille que ma mère mène contre son cancer.
Demain, je pars la voir. 
Sans savoir si...

8 mai 2012

Au bout de l'expir

Passage rude, naissance à l'horizon, l'année déroule ces changements qui indépendamment ne sont pas rien, et qui, tous ensemble, sont comme une tempête. 

J'utilise les jours de pause généreux du mois de mai pour reprendre mon souffle. 
Mais d'abord pour lâcher jusqu'au bout. Écrire les images qui viennent pour "remettre en circulation" ce qui stagnerait sinon, dormir, ne rien faire à part faire manger les enfants, essayer d'être en lien avec ce que je vis, avec ceux que j'aime, pleurer et rire avec ces vrai(e)s ami(e)s à qui j'ose enfin dire mes peines jusqu'au bout, prendre soin de ce corps qui est ma seule demeure. 
Je lâche mes masques de femme exclusivement forte et je sens le bienfait qu'il y a à oser être moi, découvrir mes ombres, trouver ce soutien que je n'osais pas demander jusque là et que j'obtiens à foison..

J'en ressors avec un brin d'énergie fraîche et d'espoir au cœur.

7 mai 2012

Soulagement

L'Ombre recule...Ouf.

2 mai 2012

Vivre ou survivre ?

Survivre...ai-je écrit récemment. C'est sans doute excessif.

Il y a certes des moments d'angoisse intense, où je suis emportée dans le tourbillon de mes "citta vritti" (perturbations du mental). 
Des bouffées de peur, de chagrin, de tristesse m'oppressent. 
Le doute me harcèle comme un essaim d'abeilles .
J'essaie de ne pas fuir ces états, tout en prenant soin de moi autant que possible, car c'est épuisant. Ce n'est pas rien toutes ces "protections" qui sautent d'un coup, toutes ces habitudes de vie et de pensée. Tant d'ombres viennent d'un coup à la lumière, comme affolées.
Je pourrais croire que je vais m'y perdre si je n'avais pas touché certains instants de ce bonheur qui ne dépend de rien sinon d'être vraiment là, vivante. 
A contrario, je pourrais croire aussi pouvoir en profiter pour faire "un grand ménage", mais la modestie s'impose. Persévérer dans cette voie de discernement, c'est aussi accepter ces colmatages à la peur du vide, et autant que possible les voir pour ce qu'ils sont.

Je ne veux pas me blinder. C'est si doux de vivre le cœur ouvert. 
Une belle occasion d'accepter mes limites d'humaine.

 
Ce matin, quelques éclats de bonheur pu
la bouille un peu chiffonnée des enfants au réveil, chacun tellement unique
le ciel changeant, du bleu au blanc en passant par le gris
le parfum du brin de muguet, incroyable cadeau annuel
les visages et les corps, plus en vie, de mes "élèves"
la voix de Nougaro
ce petit moment de paix.