19 juillet 2012

D'un espace l'autre

Quelques semaines de pause depuis le dernier billet. 
De quoi constater que cet espace-là se clôture de lui-même, comme deux autres avant lui. 

Un blog "intime" n'est pas rien. Celui-là aussi m'a aidé à poser mes petits cailloux blancs, laisser se décanter ce qui devait l'être, mettre en lumière ce qui était vivant, et ce qui ne l'était plus, laisser se faire cette nouvelle mue.
Un peu plus de deux ans, pour croire encore à ce couple puis ne plus y croire, et surtout ralentir la fuite en avant pour être plus présente "dans le réel".

Vous n'êtes pas rien pour moi. Partager, échanger, n'est pas anodin et m'est tout aussi essentiel que la solitude. Certains d'entre vous font à présent partie de mon cercle "de coeur", que nous nous soyons rencontrés en vrai ou pas, car dans les interstices des mots transparait notre être. Merci pour ces rencontres.

L'aventure se poursuit ailleurs, sur une autre tonalité, support de cette période de transition aux saveurs mêlées. Il est facile de retrouver ma trace, ou de demander l'adresse, si le cœur vous en dit bien sûr. Vous y serez les bienvenu(e)s.

Bel été à vous.

Lise

27 juin 2012

Regard

Ici, j'écris toujours la même chose, ces derniers temps. Tout cela n'a guère de sens...
Ce qui se passe est ailleurs.
Je vais faire une pause, probablement.
a bientôt
Bises amicales

26 juin 2012

Responsabilité versus contrôle

Quand la vie remue aussi fort, il est bien vain de chercher à la contrôler.
(le reste du temps aussi, mais peut-être peut-on en poursuivre l'illusion...)

Par contre, la responsabilité de chaque instant reste entière. Une posture faite d'humilité et d'action. Faire de mon mieux, être présente, en légèreté, à ce qui se présente, ne pas hypothéquer demain de mes peurs d'aujourd'hui.


24 juin 2012

Rencontres

La rencontre se manifeste, et c'est comme un espace libre qui s'ouvre entre deux cœurs, et qui relie, après, même dans le silence, même à distance. 
Des mots, des regards, un sourire, une qualité de présence. Pas besoin de grand chose, tout est là.

Hier, journée de retrouvailles, dans trois cadres distincts. 
Retrouver ces espaces où tant de choses ont d'ores et déjà circulé, sans qu'ils soient pour autant encombrés.
En voir d'autres s'ouvrir, petits miracles improbables.

Effet d'intense bouffée d'air pur.

17 juin 2012

La vie, là


Tout va très vite en ce moment. 
Tant d’évènements majeurs. Tant de changements marquants. 
De quoi me sentir déboussolée par instants.

Et en même temps, il n’y a qu’à vivre. Ce n’est finalement pas tellement plus compliqué que le reste du temps. 
Parce qu’il n’y a pas grand-chose à contrôler, et là, c’est tellement manifeste que ça aide vraiment. 
A faire, oui, mais je me suis toujours trouvée de quoi faire même quand rien ne m’y obligeait, alors j’ai l’habitude ;-)

Il n’y a qu’à être, à être là, à éviter d’alimenter les pensées inutiles et de compliquer ce qui est. 
Je m’y emploie, parfois sereinement, parfois moins. Mais il n’y a pas d’enjeu de perfection, alors, là encore, ça se fait.

Parfois, je dors, et je profite avec bonheur de l’énergie revenue. 
Parfois, je dors peu, et j’ai moins d’énergie, mais j’essaie tout de même de rester dans ce bonheur de vivre qui n’est pas tant que ça lié aux circonstances.

Être simple, faire simple. 
Donner ce que j’ai à donner.  Recevoir ce qui m’est donné. 
Rien à chercher ailleurs.

6 juin 2012

Improbable

Mon futur lieu de travail expérimente la tonte écologique.
Je vous assure que les bêlements, ça change l'ambiance des réunions.
J'adore :-)

3 juin 2012

L'humilité

La proximité de la mort est comme une intense lumière, crue ou très douce suivant les moments.
Je suis un peu aveuglée encore. Pas facile de concilier ça avec cette vie très active qui est la mienne aujourd'hui.

Bon.

Je savoure avec un grand bonheur ce coeur écarquillé qui rend les relations tellement plus intenses. 
Je sais aussi ma fatigue, proche de l'épuisement.
Je vis des périodes de repli complet. La nuit, quand je ne dors pas. Le week-end parfois. Des larmes, mais pas souvent. Plutôt une apathie. Qui me permet de récupérer physiquement. Mais d'une tonalité qui pourrait m'inquiéter si cela durait. Pour l'instant, cela ne dure pas.

Les vagues d'émotions de ces deuils. 
La joie de la vie plus libre. 
L'apprentissage progressif de la solitude.
La responsabilité de chaque acte.

Tout cela se mélange. 
Printemps étonnant où l'humilité est le seul maître mot. Aucune illusion de contrôle n'est possible, et c'est un sacré apprentissage...


28 mai 2012

La honte


Sophie Quérin, Fleurs étiolées
Une fleur d'encre noire
pourrissait dans mon cœur.
Je l'ai extraite aujourd'hui.
Sortilège fini.

La honte du désamour,
bue jusqu'à la lie,
n'a plus qu'à s'échapper vite, vite,
loin de mon courroux.

Je veux à nouveau, tête haute,
sourire de ma vie.

27 mai 2012

Revenir

Revenir du pays d'enfance, retrouver ma maison, mes enfants, ce foyer coupé en deux, espoirs brisés.

Sous le soleil radieux du quartier, faire les courses et croiser d'un coup toutes les copines que je n'ai pas vues depuis 6 mois. 
Prendre et donner des nouvelles, nos tristesses : morts, ruptures, harcèlements pro.  Les larmes montent aux yeux parfois. 
Que faire sinon partager, le coeur le plus ouvert possible ? Profiter des joies.

Lire, faire une sieste.

Fêter les 11 ans de R, presque comme avant, moments d'exaspération inclus. 
De la joie, et en fond ce déchirement. Probablement encore six mois de cohabitation. 
C'est long.

Une fois la journée terminée, la cuisine rangée, prendre le temps de me regarder, telle que je suis.

Dormir enfin, une vraie nuit.

19 mai 2012

Maman

Dans cette chambre, dans ce lit,
ne restait, la tempête passée,
que son souffle .

Dernière amarre,
solide et fragile à la fois,
toutes les autres s'étant petit à petit délitées.

Son dernier soupir,
si doux,
caresse d'Amour,
pour la délier.


La mort nous a rendu ta présence entière,  maman,
sans la maladie,
sans la peur,
sans la colère.


Je ne peux que remercier,
infiniment,
de ce que nous avons vécu,
toutes quatre ensemble,
et qui nous porte maintenant.


"On m'a tranché le cœur pour y verser un vin miraculeux."
Christian Bobin,  Carnet de soleil

11 mai 2012

Ouvrir l'enclos

Je m'étais réjouie en apprenant sa nomination.
J'avais frémis un instant lors de notre premier entretien, comme un frisson du cheval sauvage en moi.
Depuis je collaborais en lui proposant d'allier nos complémentarités...mais c'était devenu pénible ces dernières semaines : ses décisions hâtives, ses postures brusques, toujours plus de commandes urgentes, jamais un merci, toujours plus de contrôle, et de l'agacement réciproque. 
Au point d'être en colère devant l'écart criant entre les mots et les actes.
Au point de me dire que ça devenait dangereux pour moi dans la période déjà tellement bousculée que je traverse.

La semaine dernière j'ai commencé à désespérer.
Mardi dernierj'ai parlé de mes difficultés dans une discussion amicale et eu des infos sur les profils recherchés.
Deux jours plus tard, je disais avec aplomb mon intérêt pour une des missions proposées à celui qui voulait me voir pour autre chose.
Vendredi dernier j'ai demandé conseil sur l'attitude appropriée pour partir plus tôt que prévu dans de bonnes conditions.
Lundi, j'ai vu mon patron à l'aube.
Hier, j'ai eu l'autorisation de faire acte de candidature. Je l'ai même senti soulagé, celui avec qui cela ne colle pas vraiment. Même s'il craint de ne pas retrouver assez vite.
Aujourd'hui, j'ai eu une belle proposition inattendue, à l'issue d'une discussion d'une grande liberté de ton sur un dossier difficile que je porte avec bonheur pour cette personne. Rien n'est fait, mais je respire de retrouver un regard bienveillant sur mes pratiques, des valeurs partagées. Il y a des endroits où être la personne que je suis, travailler comme je travaille, est acceptable voire recherché. Soulagement.

Je tiens au courant mes plus proches collaborateurs, ceux que j'ai choisis, et avec qui je partage au quotidien,  avec joie, convictions, innovations, regard sur le travail, exigence sur notre posture d'intervenants. Ce sera déchirant de les quitter, mais il me faut m'occuper de moi, aussi. Couler serait bien pire. Choix de maturité.
Je sais que nous resterons en lien. Ils savent pouvoir compter sur moi, à vie.

2012 est une année de changements, décidément.


Et ce soir, à nouveau l'incertitude sur l'issue de la bataille que ma mère mène contre son cancer.
Demain, je pars la voir. 
Sans savoir si...

8 mai 2012

Au bout de l'expir

Passage rude, naissance à l'horizon, l'année déroule ces changements qui indépendamment ne sont pas rien, et qui, tous ensemble, sont comme une tempête. 

J'utilise les jours de pause généreux du mois de mai pour reprendre mon souffle. 
Mais d'abord pour lâcher jusqu'au bout. Écrire les images qui viennent pour "remettre en circulation" ce qui stagnerait sinon, dormir, ne rien faire à part faire manger les enfants, essayer d'être en lien avec ce que je vis, avec ceux que j'aime, pleurer et rire avec ces vrai(e)s ami(e)s à qui j'ose enfin dire mes peines jusqu'au bout, prendre soin de ce corps qui est ma seule demeure. 
Je lâche mes masques de femme exclusivement forte et je sens le bienfait qu'il y a à oser être moi, découvrir mes ombres, trouver ce soutien que je n'osais pas demander jusque là et que j'obtiens à foison..

J'en ressors avec un brin d'énergie fraîche et d'espoir au cœur.

7 mai 2012

Soulagement

L'Ombre recule...Ouf.

2 mai 2012

Vivre ou survivre ?

Survivre...ai-je écrit récemment. C'est sans doute excessif.

Il y a certes des moments d'angoisse intense, où je suis emportée dans le tourbillon de mes "citta vritti" (perturbations du mental). 
Des bouffées de peur, de chagrin, de tristesse m'oppressent. 
Le doute me harcèle comme un essaim d'abeilles .
J'essaie de ne pas fuir ces états, tout en prenant soin de moi autant que possible, car c'est épuisant. Ce n'est pas rien toutes ces "protections" qui sautent d'un coup, toutes ces habitudes de vie et de pensée. Tant d'ombres viennent d'un coup à la lumière, comme affolées.
Je pourrais croire que je vais m'y perdre si je n'avais pas touché certains instants de ce bonheur qui ne dépend de rien sinon d'être vraiment là, vivante. 
A contrario, je pourrais croire aussi pouvoir en profiter pour faire "un grand ménage", mais la modestie s'impose. Persévérer dans cette voie de discernement, c'est aussi accepter ces colmatages à la peur du vide, et autant que possible les voir pour ce qu'ils sont.

Je ne veux pas me blinder. C'est si doux de vivre le cœur ouvert. 
Une belle occasion d'accepter mes limites d'humaine.

 
Ce matin, quelques éclats de bonheur pu
la bouille un peu chiffonnée des enfants au réveil, chacun tellement unique
le ciel changeant, du bleu au blanc en passant par le gris
le parfum du brin de muguet, incroyable cadeau annuel
les visages et les corps, plus en vie, de mes "élèves"
la voix de Nougaro
ce petit moment de paix.

29 avril 2012

Repères

Le vent dehors, qui tourbillonne depuis plusieurs jours.

La tempête, à l'intérieur.
La vie secoue bien fort. Tous ces deuils sur tant de plans.

Tant de minuscules et gigantesques écroulements qu'il n'y a plus de certitude possible.

Difficulté extrême de trouver  l’œil du cyclone.
Cadeau de savoir que c'est la seule base stable d'un être humain et de n'avoir d'autre choix que de la trouver, coûte que coûte...

Utiliser ce que je ressens dans la relation.
Discerner ce qui m'appartient, le distinguer de ce qui appartient à l'autre.
Sortir autant que possible de mes blessures et de mes illusions.
Ne pas me claquemurer dans ma peine, si m'étourdir dans ce qui ne serait rien.

Survivre,
traverser l'orage,
l'accepter autant qu'il est possible,
choisir la manière de vivre ce qui me touche.

Etre un peu douce pour moi.
Accepter mes erreurs et mes faiblesses. 
Les aimer.

22 avril 2012

Les mots ici

Les mots ici se font rares. Ce n'est pas qu'ils seraient de trop. C'est juste le silence qui doit primer.

Je ne sais répondre à vos commentaires qui pourtant me touchent beaucoup.
Votre présence est précieuse, et pas si virtuelle.
Alors, merci.

17 avril 2012

La vérité du corps

La vérité du corps, c'est ce poids que je traine depuis la nouvelle, cette lenteur un peu hébétée.
Je ne suis pas tout à fait là, dans la course habituelle, je suis aussi dans cette chambre blanche, avec cette femme qui lutte, avec ou contre son corps.

La vérité du corps, c'est ce rire comme une éclaircie rare, car les larmes pointent derrière.
Ces larmes qui coulent sous la protection d'un sourire ami.
Ces sanglots qui secouent fort dès le téléphone posé. 

Cette dureté extrême du deuil à préparer maintenant pour l'accompagner en douceur, en joie, quand il sera temps. Violence de ce qui est et n'est pas à la fois.

J'ai retrouvé ce matin timidement le chemin du tapis. Vérité du corps. Là. Maintenant.

13 avril 2012

L'enfer est pavé etc etc

Oui, l'enfer est pavé de bonnes intentions.

La coupe est trop pleine ces derniers jours pour ne pas déborder. Et là, je constate à la fois la bonne volonté de la plupart des gens qui m'entourent, et la maladresse de certains. J'ai la chance toutefois d'être bien entourée dans la "vraie vie " aussi par quelques très proches dont l'écoute et les paroles sont d'une justesse qui fait chaud au coeur. 

De quoi me donner quelques leçons sur ce qui passe et ne passe pas en accompagnement.

- Ceux qui plaquent leur vécu sur moi et sont forcément décalés ( et oui, c'est tellement personnel)
- Ceux qui m'expliquent toutes les leçons que je dois tirer de ces épreuves ( alors même que je suis en train de me relever du premier choc : ok mais chaque chose en son temps !)
- Ceux qui viennent avec un air de chien battu pour se repaître de ce qui fait mal, avec le même air gourmand avec lequel ils dégustent les faits divers
- Ceux qui me plaignent avec beaucoup de sincérité et me rajoutent une louche de travail toutes les 4 minutes en moyenne ( doucement, il faut que je tienne le choc !)

Ne croyez pas que je leur en veuille, c'est tellement humain. 
Mais je bénis cette capacité à me protéger des intrusions dont j'ai hérité, tout en savourant de pouvoir me lâcher, enfin, et accepter l'aide qui m'est abondamment donnée.




Le casse-briques

L'autre matin, après une nuit perturbée, j'ai eu l'image d'un de ces jeux de casse-briques où le premier coup fait changer de couleur, le deuxième fragilise, et le troisième détruit. 

Mais je ne suis pas une brique.

Nulle autre piste que de vivre ce qui se présente, avec l'attention au corps, à ce qui est humble et subtil. 
Le reste n'existe pas.

ps : merci pour vos mots, et vos intentions, qui me touchent beaucoup.

9 avril 2012

Un bouquet d'anémones rouges


Un bouquet d’anémones rouges, seule tâche de couleur dans cette chambre blanche.
Au milieu des appareils et des tubulures, perdue dans le lit, une petite femme frêle.
C’est ma mère. 

D’elle reste son caractère qui devient irascible quand elle est angoissée, alors qu’elle est si enjouée et charmante devant ceux qui ne sont pas ses proches. Son regard intense. Sa culture et sa curiosité. Le culte de la beauté. Sa volonté inflexible. Ces centaines de projets qu’elle égrène comme un chapelet d’espoir.

D’elle restent un peu plus de 40 kilos, le poids de ce qui la ronge.

Assise auprès d’elle, je l’écoute, je lui raconte ma vie d’aujourd’hui, je la masse, aussi enjouée et sereine que possible, alors que je sens plus, sous sa peau parchemin, que ses os. Même là, dans cette essence d’instant, elle ne s’abandonnera pas. Elle lutte, s’accroche.

Quand je sors de la chambre, c’est comme un immense poids qui m’écrase. Envie de dormir tout le temps. Du mal à goûter ce que j’aime tant dans cette ville. Fleuves et collines. Cette force incroyable qui me porte habituellement.
Quand je me regarde dans la glace, je regarde ma chair et vois la vie.

Tout à l’heure je repartirai. Je reviendrai bientôt.

24 mars 2012

Partitions, décision

Des chants multiples se mêlent et s'entrecroisent de jour comme de nuit.
De la peine, de la joie, de l'enthousiasme, de la curiosité, et de la lassitude. Plein champs d'abeilles butineuses. Mais je n'en fais pas mon miel.

Ivresse, tristesse, encombrement,
je suis fatiguée.


J'avais programmé une pause. Elle s'approche et me dit sa sagesse.
Le silence et le retour au corps s'imposent.

21 mars 2012

Jeunes pousses

Le vert tendre et l'énergie farouche de la vie qui pousse,
la fragilité qui va avec.


Grelotter de chagrin, et l'instant d'après rayonner.
Rien n'est tiède.
 
Ce printemps-là, je le vis intensément, jusque dans mes os.
Je suis en marche, comme jamais.

Pas de tout repos ;-)

17 mars 2012

Deux cordelettes entrelacées.
Une infinités de nœuds. Parfois invisibles.

Essayer de les dénouer. Certains cèdent facilement, d'autres non. 
Ampoules et ongles cassés.
Parfois choisir de les trancher net.

Cette tâche m'épuise par moments.
Je commence à sentir à quel point tout cela sera long. Instant de découragement.


Il me faudra trouver la vie en moi à chaque instant pour ne pas y perdre mes forces, m'y perdre.
Cette corde n'est pas ma vie. 
Et rien ne vaut de s'y perdre.

La pratique persistante.
tapas, svadhyaya, isvara pranidhana

16 mars 2012

Oser

Oser .
C'est le mot qui est venu quand j'ai pris du recul sur son année.
Délicat exercice des entretiens annuels où il s'agit de saisir au vol l'image de ce qui a bougé, va bouger encore, et l'insuffler comme un murmure à la brise pour que l'autre, si c'est juste, s'en empare, s'y appuie, pour se déployer encore dans l'essence de ce qu'il est. Suggérer sans jamais peser, sans jamais tordre.
Ce qui se passe dans ces moments-là... Les mots qui échappent.


Du mal à revenir de l'immobilité créatrice.
J'ai de manière globale de plus en plus de mal à me plier à un rythme qui n'est pas mien...


Alors, j'ai secoué mon humeur trouble, mis le nez au vent, installé un sourire léger, observé ces comportements printaniers qui font chaud au cœur, et me suis glissée dans ce passage obligé, entière.
J'ai osé imaginé pouvoir y être moi, et nulle autre.
Quelques beaux échanges. Y croire, c'est quelque part les rendre possibles, quand le contexte s'y prête.
Oser.


Je suis tout de même lasse ce soir.

Focale

De la profondeur dans ce moment.

De l'agitation autour surgissent quelques visages, proches à un point étonnant.
Coeur à coeur.
Le reste se fait, sans attachement démesuré.
Etrange focale.

Dans ce mouvement, je n'ai d'autre choix que d'être centrée. Et ça se fait.
Etonnants fruits du moment.

13 mars 2012

Ces détails là

Liste à la Prévert de ces nouveaux détails d'un quotidien en mutation

ce que je mange
ce que je lis
mon parfum
mes habits
mes amis ( enfin, pas tous !)
les sorties
les rangements
les vacances
les week-end
les soirées
ce que je ne laisse plus passer
ce que j'ose
ce que je vis !

12 mars 2012

La boîte rouge

Une boîte rouge au fond de l'armoire. Une de celles qu'on ouvre peu. 
Des lettres, un carnet bleu. 
Sur le papier quadrillé, ces notes des premiers temps de l'amour, celui qui monte, emplit l'espace et les cœurs d'espoir lumineux. 
Espoirs accomplis qui ont reflué au fil des années jusqu'à se tarir en un ruisseau souffreteux. Avant que.

Hier j'ai trié ces mots. Pour que chacun garde ceux qu'il a reçus. Que chacun reparte avec ses espoirs. 
Une intense bouffée de chagrin. La vague des larmes, brutale et nécessaire. 
Et cette chanson dont je t'avais transcris la partition, et que je ne peux plus entendre.

Ce soir, j'ai rendez-vous avec moi, après le coucher des enfants, pour prendre soin de ce chagrin là. 
Je ne sais pas encore comment. Cela viendra en son temps. 

Je veux trouver en moi de la tendresse pour cet homme et cette femme que nous étions. 
Nos sourires confiants. Nos corps insatiables et comblés. Nos naïvetés et nos faiblesses offertes. 
Tous ces rêves et ces possibles.

Puissions-nous, chacun, recontacter en nous cette fraicheur-là pour nous abreuver à cette source de confiance. C'est ma prière.
Et puis non, c'est ma prière pour cette femme en moi. Celle qui veut ouvrir son cœur à l'amour, sans crainte.
Que cet homme choisisse et trouve sa route.

11 mars 2012

Ton visage

Ton visage comme la surface de l'eau.
Mystère de ton altérité.
Les mots et les émotions qui affleurent dans leur beauté. Reflets de lune.

Une larme coule. Tu ne penses plus à l'essuyer.
L'apparence a disparu.  Le lieu importe peu.

Ces silences.

Les mots et les images.
Dire ce qui ne peut même se penser.

Ta présence à toi-même.
Intensité dans l'instant.

L'écoute, entière, pensées presque absentes.
Cet amour-là, qui n'est pas personnel, et nous dépasse infiniment.

Effort tranquille et sans attente. Dans l'arrêt du temps.
Pour que ce qui peut être puisse advenir.


Moment d'espace tranquille.

10 mars 2012

Les deux faces

Il y a celle qui sait parfois être présente  à ce qui se tisse dans l'instant, en lâchant une bonne partie de ces images mentales qui s'interposent avec la réalité, cœur ouvert

Et il y a celle qui a encore si peur du vide, celle qui retient ces instants-là, comme si une assurance était possible contre la crainte du manque d'amour. Celle-là est perdue entre hier et demain, dans ses peurs, avec sa culpabilité et ses fantômes. Celle-là frissonne. 

L'accueillir tendrement, prendre soin d'elle, doit être ma priorité.Ne plus jamais croire qu'un autre quel qu'il soit puisse le faire à ma place...Moi seul peut et doit le faire.
Ma semaine seule avait cet objet là : l'approcher, l'apprivoiser, un peu, en lui laissant le temps de respirer, de prendre sa place, parfois, d'oser le chagrin. Un début.
Ce chemin-là sera long. Tendre. Douloureux. Chemin de maturité. Celui qui permet que la joie et la légèreté d'être s'expriment pleinement.

9 mars 2012

Ce qui sonne juste

Ce vendredi comme une belle journée lumineuse : journée de déplacement professionnel passionnante, productive, agréable. 

Comme un point d'orgue de cette semaine de reprise intense, qui me confirme combien j'ai de la chance, celle de pouvoir être pleinement moi-même, celle de pouvoir permettre à d'autres de l'être autour de moi, et ainsi que "ça circule vraiment". Chacun apporte dans ces moments-là avec sincérité et en sortant autant que possible des jeux d'acteurs son expérience, ses idées, ses connaissances, pour faciliter ces avancées réelles que nous appelons de nos vœux.

L'effort est présent, certes, mais respecte ma paix.
Cette liberté d'être est sans prix. 
Les yeux pétillent.
La confiance est là, douce aux cœurs.


L'Amour, c'est ça aussi.
Gratitude.

7 mars 2012

Enigme printannière

Mon merle amoureux s'est interrompu l'autre matin au milieu d'une vocalise. Un chat ?

Ajout : j'entends à nouveau un merle chanteur; le même ?

3 mars 2012

En retrait(e)

7 jours à voir la mer venir et repartir, à observer le jeu des oiseaux dans ce printemps qui pointe, à marcher jusqu'à l'ivresse, à me régaler de toutes les nuances de ce qui peut paraître fade si on n'ouvre pas les yeux. Pas besoin de soleil pour voir la lumière du paysage.

Seule.
En lien.
A prendre soin de la vie en moi.

Moment  inédit.

Qu'en dire...

Exercice nécessaire pour déposer quelques unes des couches de discours qui me séparent de ce que je vis. 
Écouter le chagrin tel qu'il est sans plus le repousser quand il se manifeste.
Écouter la peur quand elle vient.
Écouter ce qui est joie au cœur, au corps.
Observer la trace de mes dépendances.
Accepter mon étrangeté.

Pleurer et sourire.
Tout est ici. Parfait.

18 février 2012

Equilibre vivant

L'équilibre se joue à chaque instant.
C'est ce qui rend la période si intensément vivante.
Si difficile aussi.

Parfois je sens ma force, sur cette base, je suis prête à déployer mes ailes dans l'espace immense.

Parfois je sens combien je pourrais ployer de l'intérieur, et j'ai peur d'aller voir.
Mais bientôt.
Rendez-vous est pris avec moi-même.

Je ne sais quelle forme cela prendra. Surprise.

14 février 2012

Jamais, quoi que je fasse...

A partager avec vous en ce jour de fleuristes et chocolatiers bondés...

"Jamais, quoi que je fasse, je ne serai celui ou celle qui mâche ton pain, boit ton eau, jamais je ne respirerai pour toi. Jamais ta peau ne m'invitera à m'y glisser. Jamais je ne tisserai pour toi les fils de tes rêves ni de tes pensées. Et comme tu étais seul à ta naissance, tu seras seul devant ta mort et seul, mille fois, dans les nuits d'insomnie quand un chien aboie au loin ou quand une voix que tu es seul à entendre t'appelle.
Vouloir me perdre en toi, me jeter en toi, corps et biens, avec tous mes meubles et mes trésors. T'envahir. Te combler. Te faire gardien de mes propriétés . Il n'est pire cruauté.
Car tu as une vocation, unique, une œuvre à mener à bien.
Toi-même.
Et pour cela, il te faut tout l'espace qui est en toi.
Dire : « Aimer c'est délivrer I'autre de mes bonnes intentions - et de moi-même »  paraîtra excessif.
Pourtant c'est en me détachant de toi et en m'ancrant en moi que je commence véritablement d'aimer.
Le cadeau que je peux te faire, c'est de retirer de toi toute la volonté de transformation que j'y ai mise - par zèle ou par ignorance -, la retirer de toi pour la remettre où elle a sa vraie place : en moi.
Ainsi, nous protégerons I 'un et I'autre le secret  lent et silencieux de nos gestations..
Un mot encore.
Garde tes distances sans faiblir. Il n’est que l’Éros qui puisse les abolir - pour les faire renaître tout aussitôt.
Garde tes distances
Non par froideur
Garde-les par ferveur.
Et cela en sachant - ô paradoxe- que l’aimé(e) n’est qu'une autre part de toi-même.
La part qui ne se laisse ni dominer ni annexer, qui jusqu'au bout te tiendra tête. L’énigme qu’est l’Autre recule comme l’horizon à chaque pas que tu fais vers lui.
L'Autre est la frontière que la Vie a dressée devant toi, afin que tu ne sois pas perverti par ta toute-puissance.
Christiane Singer  Eloge du mariage, de l'engagement, et autres folies

Perméable

Nuit blanche. Je viens de comprendre. 

Hier longue discussion avec ma soeur chérie ( et ce n'est pas ironique) qui a réussi en voulant bien faire à me présenter toute la lourdeur de ce qui m'attendait dans la durée.
A l'heure même où je m'attache à être dans le présent pour vivre ce qui est sans a-priori, et faire de cette fin une renaissance, je ne peux pas dire que ça m'ait aidée.

Entachée de tristesse, cette soirée amicale dont je me faisais une fête hier, et où nous avons fini dans l'évocation de ce qui lui avait fait tant de mal et dont il est sorti. J'espère qu'il a mieux dormi que moi. et qu'il ne m'en veut pas.

Et puis cette nuit d'angoisse.

Je suis heureuse d'en avoir identifié l'origine, car je commençais à m'inquiéter d'être dans cet état. 
Mais non, cet état ne m'appartient pas.
Il y a décidément des proches qui ne nous aident pas de leurs bonnes intentions.
Je vais me protéger mieux que ça.

Veiller à ne pas faire à d'autres ce qui me plombe.

12 février 2012

Réveil

La première sidération est passée.
Des premiers jalons posés pour la suite pratique.
La réouverture de mon monde prend forme.

C'est comme un conte à l'envers qui tisserait un nouvel endroit.
La belle se réveille grâce au départ du prince .

Envies de vaste monde.

Bien sûr, de manière concrète, cela prendra du temps, et je ne me presse pas.

Mais j'ai envie de célébrer le retour de mes élans.

10 février 2012

Reconfigurations

Les enfants ont retrouvé leur souffle. Ils attendent la suite, mais sans d'angoisse manifeste. Leurs sourires comme des fleurs fraîches et des chants d'oiseau. Énorme soulagement.


Du coup, j'expérimente cette nouveauté. 

Parfois je vois mes difficultés à accepter ce qui change. Mais surtout à éviter de m'identifier à ce que cela pourrait me renvoyer comme image de moi. 
Celle qui n'est pas aimable. 
Ou celle qui a fait fuir celui-là même qu'elle aimait.
Sorcière.


A d'autres moments je me vois répondre très sincèrement que ça va, et en sourire. Oui, c'est bon de me sentir libérée du poids de ce regard-là sur moi. Il est bon de sentir mon monde s'élargir. 
Je m'étais certainement cachée dans cette coquille-là. Me voilà invitée à me déployer de nouveau.
Cette réponse est aussi un moyen de ne pas subir la vision que d'autres plaqueraient sur ce que je vis, et à laquelle mes dénégations probablement ne changeraient rien.


Être là, maintenant, accepter les yoyo, et sourire, ou pleurer, ou que sais-je encore. A chaque moment ses surprises.

7 février 2012

Couleurs du temps

Après le rouge brasier de dimanche, hier était un jour de brouillard. Anthracite.
Une journée en état de zombie, comme assommée de l'intérieur. Incapable de mobiliser mes neurones au-delà du minimum.
Le rose pâle de cette douceur, toute discrète, de ceux qui m'entourent, aube légère.
Une bouffée  bleue à l'heure du thé, et une autre à l'heure du retour. Partages sans fard.

Et aujourd'hui l'orange vif d'un jour simple, où tout circule. Des échanges pro qui montrent la réalité de la confiance construite. Quelques pas pour poser les fondations matérielles de demain. La lune rousse comme un trait d'union.
Une certaine sérénité, une certaine joie même. Je suis sincèrement reconnaissante de pouvoir ainsi envisager l'avenir, matériellement et émotionnellement. Bien sûr, c'est en parti le fruit de mon travail, depuis toujours, et de la sincérité de ce qui me porte. Mais je sais combien j'ai de chance aussi. Merci la vie.

Au-delà des aspects matériels, je goute infiniment ce qui me sort de l'abîme quand j'y plonge. Confiance dans ce qui me porte, et me dépasse.
Toujours ce mantra : la confiance, le courage, la mémoire.

5 février 2012

Ce silence-là

Ce silence là, je ne l'avais pas entendu depuis longtemps. 
Et encore, le son en était bien différent.

C'était il y a 6 ans environ, quand nous avions raconté aux enfants ce bébé qui s'était installé dans mon ventre, et en était reparti. Ce silence-là était recueilli, intense, aimant, uni. Ces moments où l'on ne fait qu'un. Où l'on sent l'amour rayonner.

Ce soir, c'était un silence vide, un silence où tous les repères vacillent, où tout perd sens.
Je lui avais demandé un peu plus tôt par sms de me confirmer que son amour était mort, qu'il n'y avait plus rien à y faire. Pour éviter de leur faire mal pour rien avec des tergiversations d'adultes immatures. Mais non.
J'entendais leurs rires en rentrant, le cœur serré, les yeux pleins de larmes.

Me reprendre, prendre mon courage à deux mains pour avoir l'air stable, un minimum, le temps de passer ce terrible obstacle.
Nous installer, les rassembler entre nous, leur dire. Entendre ces minuscules effondrements silencieux. 

Reprendre un cours normal d'existence. La soupe, des crêpes, de la musique.

Un rideau tombe, une porte s'ouvre. Avancer, résolument. Pas d'autre choix.

Ce qu'elles disent

Tu es si jeune, me disent-elles.

Parfois, je ne le sentais plus, écrasée par ce qui paraissait immuable.
Je sens à nouveau l'air bouger autour de moi.


Tu ne vas pas rester seule, quand même ! disent-elles encore.

Pour l'instant je vois ce nouveau nid à installer, et les enfants à entourer.
Je n'attends rien, ne cherche rien. Être accompagnée n'est pas une fin en soi.
Quelle place pour l'amour y aura-t-il dans ma vie de demain ? Je n'en sais rien et ne veux rien savoir de demain. Quand bien même n'y aurait-il que ( !) de l'amitié, ce serait si beau.

Je veux être là, aujourd'hui. Entière.
En relation vivante avec le monde autour de moi. Et sans dépendance.

2 février 2012

Les os

Lâcher une ancienne peau, la fendre et s’en extraire, ce n’est pas rien.


La tête sait que c’est juste,
le cœur parfois le sent,
le ventre résiste, se durcit.

Les muscles et les tendons se crispent,
la chair hurle,
la peau est brûlure.

Il aurait été juste de pleurer aujourd’hui, j’ai couru du matin au soir, à part ce moment donné à quelqu’un qui m’a été recommandé, et ces instants avec les enfants, ce soir. Doux et notoirement insuffisant.

Alors ce soir, en dépit de l'heure tardive, et du froid mordant mes joues, mon pas ne faisait que se ralentir. Trop de chagrin. Pas envie de le voir, de les voir. Dans ce qui ressemble à ce qui a été, et n'est plus.

Est venu alors dans tout mon corps la sensation de ce rêve d'il y a deux ans et demie.
"J'ai disposé lors d'une fête des morts du squelette d'un de mes ascendants.(c'était étonnant, un peu comme ces fêtes à Madagascar où on nettoie et déplace les os des morts chaque année)
Ma mère était là, mais pas à se plaindre comme d'habitude, plutôt forte.
J'avais de la peur et un peu de dégout, mais je suis allée le chercher.
Il y avait seulement une partie des os, tout était propre.
Je l'ai déplacé, avec soin, en disposant les os avec beaucoup de respect. Sur une table, où d'autres squelettes étaient là aussi.
Au bout d'un moment je me suis aperçue qu'il avait disparu.

Je ne saurais dire de quoi il s'agissait mais l'énergie "récupérée" par ce nettoyage était tellement forte qu'il a fallu que je me réveille pour le célébrer. Grande joie. Libération"

Les ossements déterrés, et nettoyés, patiemment, avec amour, puis remis en terre.
Quelque chose de très paisible, de juste, de joyeux.


Oui, j’ai besoin de nettoyer mes propres os de tout ce qui est collé dessus. Patiemment, avec amour, avec sérieux.



Savasana, la posture du cadavre. Tout lâcher.
Jusqu’à trouver du repos dans ce qui est essentiel. Léger et solide.




Et ce soir, je lis cela. Étonnant "hasard".

1 février 2012

Les quatre cavaliers

J'ai vu débouler les quatre cavaliers
dans ce champs de désolation et de ruine.
Je ne voyais plus le ciel ni les collines verdoyantes, 
juste la détresse comme une hydre décharnée.
Et le souffle me manquait.

Aujourd'hui, je vois ce tableau là, 
un peu loin, juste assez, 
et reste perplexe.
Un changement rapide s'impose?

28 janvier 2012

Cadeau

A l'heure où je ploie par moments comme une feuille trop chargée de pluie, attendant le prochain coup de vent ou un supplément de pluie encore pour décharger son fardeau, la bienveillance de ceux qui m'entourent me touche au cœur. Bien sûr les partages, quel que soit le sujet d'ailleurs. Mais avant tout une certaine qualité de présence centrée, ancrée, espérante. Une qualité d'être qui permet d'être reliés au-delà des mots et des différences.

Jeudi soir, moment de convivialité "prescrite", dans un endroit à la mode. Beauté froide du snobisme strass et paillettes. Vue splendide, menu clinquant, un certain manque de coeur dans la cuisine, un accueil indifférent.
Moment de fatigue extrême et de dénuement intérieur, où faire semblant m'aurait coûté. 
Je me suis installée au bout de la table avec eux trois. Trois énergies fort différentes, et pas une trace de mensonge. A l'extérieur, nous avons bien fait la fête, parlé, ri, mangé, bu. A l'intérieur, nous étions ensemble, au calme. J'étais bien. 
Avoir pu m'entourer ainsi est un cadeau de chaque instant.

25 janvier 2012

Paris, terre sauvage !

Souvent,  je convoque la forêt, la mer, au creux de moi pour retrouver mon souffle dans la promiscuité de la foule, la pestilence des sous-sols glauques. et j'y puise un regard neuf sur la beauté,  l'humanité des visages autour de moi.

Et là, cette nuit, à l'heure qui me trouve étonnée d'être là, et où je ne sais que faire de cette nouvelle liberté qui me laisse béante comme une coque ouverte, j'ai entendu cette drôle d'émission qui m'a ravie. 
Moi aussi, je suis réveillée par les oiseaux le matin, quand le printemps arrive. Je me régale des ces minutes particulières des crépuscules où ils s'égosillent à  qui mieux mieux. Saveur intense de la vie.

Je vais peupler mes rêves urbains de renards, de fouines, et de chauves souris. Quel bonheur :-)

J'aimerais n'être qu'un chant d'amour

J'aimerais n'être qu'un chant d'amour,
j'aimerais n'être qu'espoir,
j'aimerais n'être qu'enthousiasme,
j'aimerais n'être que tendresse
j'aimerais n'être que douceur,
j'aimerais n'être que liberté
j'aimerais n'être que curiosité,
j'aimerais n'être que contentement,
j'aimerais n'être que joie.

Je ne suis parfois que poussière et sang.

Larmes pour pétrir la glaise ?
Colère pour cuire ?
Solitude pour décanter ?

24 janvier 2012

Ces petits changements

Changements de textures.

Le pathos qui reprend de la place, libérant le plexus, nouant la gorge parfois. OK, je ne suis pas que forte, je l'ai compris, je le vis. 

Besoin de me reposer sur des épaules amies. C'est bon de demander, et qu'on vienne à votre aide. Je prends tout, la tendresse, les rires, les conseils, les petites attentions, même ces questions que j'aimerais mieux ne pas entendre mais qu'il est bon d'entendre quand même. 
Apprentissage nouveau, celui d'être portée, de m'abandonner, comme sur le tapis, quand on sent jusqu'au poids des os. Troublant car on ne contrôle plus rien, tellement reposant, aussi.

Du coup, j'aurais envie de tout lâcher, et ne le peux pas.

Et par ailleurs, je fais quelques pas pour me préparer, de manière rationnelle, à la suite. Toutes ces petits détails pratiques qui viendront en profondeur bouleverser nos vies. Là encore je prends tout, bonnes adresses, points clés. Je stocke en mémoire cette somme de sagesse, en espérant que ça viendra m'apporter des pistes à point nommé. 

Les semaines passent, la rencontre à nouveau se profile.
Dix jours encore. J'attends et je redoute les retrouvailles.
Le soir, j'ai froid.

haiku ?

Paris fantôme dans la brume mouillée,
esquisses de dômes et de flèches,
tout le reste gommé.

21 janvier 2012

Ouverture, fermeture

Deux voix en simultané.

Celle qui chante l'ouverture à nouveau du champ de vision, ce grand bleu, grand soleil, grand vent.
Ouverture des yeux, des oreilles, des pores de la peau.
Ouverture du coeur.


Et celle qui pleure.
Restriction, deuil, destruction.
Manque. Faim sans faim.
Ventre comme un poing serré.
Larmes retenues et qui brûlent les yeux de l'intérieur.
Aujourd'hui, dans un cadre adapté, je vais tâcher d'ouvrir les vannes. Car cela me pompe une énergie fabuleuse que de retenir ce qui veut sortir. Ça devient urgent.

Il faut bien "évacuer les gravats".

19 janvier 2012

La joie

J'ai déjà décrit mon début de journée. 1 heure pour m'extraire du lit. Même plus le temps pour une salutation au soleil. Les larmes retenues. Ce qui pèse.


La chance d'avoir les enfants près, dont il faut s'occuper, gage pour ne pas sombrer. L'attention donnée, qui nourrit.

Le basilic comme un talisman dans la poche. Petite aide secrète comme une caresse douce. 


Sur le chemin, Bobin, dans ce si joli livre sur la solitude, dont j'ai envie de recopier chaque phrase.Un extrait pour vous.
"Je crois que pour vivre - parce qu'on peut passer cette vie sans vivre, et c'est un état sans doute pire que la mort - il faut avoir une chose qui n'est malheureusement pas si courante, et là, il s'agit d'une grâce. Pour vivre, il faut avoir été aimé au moins une fois, avoir été porté au moins une fois. Et après, quand cette chose-là a été donnée, vous pouvez être seul. []Même si l'on ne vous porte plus, même si on ne vous aime plus, même si on ne vous regarde plus, ce qui a été donné, vraiment donné, une fois, l'a été pour toujours. A ce moment-là, vous pouvez aller vers la solitude comme une hirondelle peut aller vers le plein ciel."

Arriver sur le parvis, et savourer l'air humide et doux, un air de bord de mer. M'y retrouver instantanément transportée, sentir la mer, le craquement des coquillages sous mes pas, le temps de traverser avec la foule. Grand petit bonheur.


 Apprendre un départ prochain. Prendre le temps d'écouter. De proposer une séquence douce pour détendre ce dos meurtri. 10 minutes hors du temps, dans le souffle. 


Puis accueillir celui qui nous rejoint bientôt, pleinement, en joie. Me préparer à donner tout ce que j'ai à lui apprendre, à accueillir tout ce qu'il a à apporter, et dont j'ignore encore la teneur exacte. Ca tombe bien, j'adore les surprises.

Puis une séquence de travail très sérieuse, dans une belle joie, et des rires aux éclats, avec celui-là, complicité sur tant de plans.

Ils me proposent de diner avec eux, qui ne se connaissent pas encore, mais qui ont déjà tant en commun, Je préfère rentrer, passer du temps avec mes enfants, être présente pour eux, en retrait ou au contact, suivant leur besoin du moment. 

Sur le chemin du retour, appeler ma maman. Entendre la détresse dans sa voix, cette amie de 40 ans dont elle a appris la mort plus tôt dans l'après-midi. Insister quand elle veut changer de sujet trop vite, pour être là, avec elle, dans ce moment. Avant de passer à autre chose.

Cette amie qui ne m'appelle jamais d'habitude, et qui là s'enquiert de moi. Vos petits mots, ici et ailleurs.


Ce corps qui se réjouit de la soupe maison, de ces yeux qui font moins mal.


La joie est présente.
L'amour est là. Autre.

Grand Corps Malade - La nuit

La peur

Extérieurement, j'assure. Mes trois boulots où je respire ce bonheur intense qu'il y a à créer, et à générer un peu d'harmonie. Ces trois enfants qui nous sont nés et qui poussent si bien. La maison qui tourne, logistique maîtrisée. Ces billets parfois jolis que je poste ici. Ces bribes de sagesse dans ma tête, parfois au coeur. Fière, je suis fière.

C'est de l'intérieur que je me débats. Intense lassitude. Je plonge et je me ressors par les cheveux. Baquet de larmes non pleurées où je me noie lentement. Bizarrement, j'ai une belle conjonctivite, et les yeux gonflés comme si je les avais pleurées, ces larmes. Ironie du corps.

Tellement tendue pour ne pas craquer que j'en suis comme tétanisée.
Je sais qu'il faut ouvrir les vannes. J'ai peur de la déferlante, et pourtant je la sais indispensable.
Il y a ce recul, là, avant de sauter dans ce tourbillon qui vient, et qui va nettoyer, jusqu'à l'os, peut-être.
Oui, j'ai peur. Peur d'y rencontrer tous mes démons. Ceux qui dormaient, ceux qui sont partis et ne demandent peut-être qu'à revenir. Je sais pourtant que derrière tout cela il y a peut-être une paix plus stable, moins fragile. Mais j'ai peur.
Voir venir. Accepter aussi cette peur-là. Protection et limite à la fois.

16 janvier 2012

Plans séquences

Grasse matinée. Le lit est une véritable bibliothèque. Lire, réfléchir, méditer. Essayer de percevoir ces angles morts qui se manifestent très concrètement. La relation, toujours, si révélatrice.


Sa voix lointaine. A distance, c'est simple. De quoi porter l'espoir d'une entente dans la durée, sur ce qui nous unit désormais. 


Le froid piquant, ce grand soleil comme un cœur joyeux dans la poitrine du monde.

 
Son écoute sans jugement qui me permet de me dire, sans devoir justifier les tenants et les aboutissants, une chance rare. Merci d'être celle que tu es, lui dis-je. Cœur serré et ouvert à la fois. Rire les larmes aux yeux.


Je vais sans hâte à ce rendez-vous surprise dont je ne connais pas l'objet. C'est la deuxième fois que nous nous croisons. Cette fois, ce n'est pas le hasard.
Les doigts gourds qui se réchauffent sur la tasse de cacao.
Je le sens fatigué, agité.
Une discussion passionnante, un peu décousue, mais qui ne demande pas d'effort, car il n'y a pas d'intention, d'envie d'avoir raison. Nos points de vue se rejoignent dans des contextes et avec des chemins très différents, cela se confirme.  Tranquille car je n'attends rien. C'est reposant. Prochaine fois, un café philo dans une ambiance militante. Des découvertes intellectuelles et humaines en perspective, et je m'en réjouis.


Moments savoureux avec les enfants. L'attention change tout. Je me souviendrai qu'il faut ôter la peau des pommes d'or avant de les mettre à cuire dans la soupe! Mais nous avons bien ri ;-) 
Puis un film partagé, tous trois rassemblés contre moi. Deux s'endorment nichés. Le troisième, qui est le premier, m'apprend ce que je ne sais pas, avec cette délicatesse que sa carapace d'ado peut masquer à un œil inattentif. Le bonheur est là. 
Ne plus les voir tous les jours, à l'instant, je en peux l'envisager. Et pourtant...