28 août 2011

Expérience

J'ai tourné autour ces derniers temps, mais là c'est décidé ( merci à ma vitaraga qui se reconnaîtra).

Je fais une pause de blog. 
Pour déraciner une de ces petites habitudes sans importance qui prennent un jour trop de place. Il est si facile de venir ici plutôt que de trouver du temps pour faire le calme, pour être dans ma vie. 
Je ne sais combien de temps ça va durer. C'est une expérience. Comme un départ pour un voyage intérieur un peu différent. Essai de recentrage sur l'essentiel.

Il en ira donc probablement aussi de mes lectures et de mes commentaires chez vous. 
A bientôt peut-être dans "la vraie vie" (Pour commencer ou poursuivre des échanges, mon adresse est paradoxia75 "arobas" gmail.com )

Prenez soin de la vie en vous.

27 août 2011

Marcher avec

J'ai eu deux fois cette semaine l'occasion de faire découvrir Paris à des amis de passage. Pas de musée ni de lieu à la mode. Un Paris vécu, vivant. 
Une bonne paire de chaussures, un lieu de rendez-vous, choisi par le visiteur entre plusieurs propositions, quelques instants pour évoquer une piste et hop, c'est parti. 
Marcher, ouvrir les yeux, suivre l'intuition du moment. A l'affut des détails. Prête à adapter le rythme, la destination, les étapes.
Partager tout ce que la marche suscite. De léger, de drôle, de souvenirs, et d'émotions.
Noter les surprises pour aller farfouiller après, en savoir plus.

Mardi il faisait doux dans le soir d'été. Une marche dynamique dans un Paris presque déserté, au rythme des souvenirs égrainés de ces lieux et d'autres. La Chine, l'Observatoire, le Val de Grâce, le Paris de Sartre et de Beauvoir, des peintres de Montparnasse.

Aujourd'hui une marche plus lente, rythmée par la course sous les averses rieuses, et de toutes petites escales curieuses. Le Laos, les grafs, le passage du pont aux Biches (n'est pas charmant ?), l'Inde, le canal d'un vert vif sous les trombes d'eau, le chlok chlok des chaussures trempées, le shopping impromptu, Paris scintillant depuis le parc de Belleville.

Bonne fatigue, et cœur en fête. Prête pour la prochaine vadrouille. Samedi ?



26 août 2011

Début

Début d'amitié.
L'émotion comme indice de ce qui se passe ici, maintenant.
Ce qui est touché, et qui vibre dans les tripes. La chaude profondeur de la contrebasse.

Intensité et lenteur de l'instant partagé qui se grave. 
Souffle retenu devant ce paquet qui s'ouvre sur des surprises inconnues. 
Souffle coupé devant tant de beauté.
Les joues qui chauffent. Les regards qui pétillent.
Les mots et sujets qui se bousculent. Parfois le silence.

Ces instants, d'autres instants, qui viennent se tisser au long écheveau de soie et de lin. Ajouter leur couleur, leurs points particuliers.

Parfois la peur du trop, de la confusion, de l'attachement. D'une fin.

Laisser le soleil, le vent, la pluie jouer leurs tours et détours.
Les couleurs passeront peut-être, certains brins s'effilocheront, certainement.

Et puis, la vie est si courte. 
Seuls les instants partagés sont éternels.

25 août 2011

Prendre soin de ma vie ?

Prends soin de ta vie murmurait la petite voix.

Oui, mais comment? Ce chemin-là s'était perdu sous les herbes folles, fleuries certes. Depuis quand, je ne sais même plus. 
Il faut parfois la morsure de l'angoisse pour bouger. La solitude pour décanter. L’œuvre du corps pour oser aller de l'avant.


J'ai quelques réponses qui n'ont pas lieu d'être décrites ici. 

Ce que je pressens, c'est que cela sera long, difficile, exigeant. 
Que je ne sais où je vais de ce pas-là, qui n'est plus un pas pressé, mais attentif.

Qu'il faudra veiller pour ne pas retomber dans le piège de mes enthousiasmes, ne pas maquiller ce qui fait mal sous le plaisir de trouver des solutions à des problèmes impossibles, parfois même contre le reste du monde, souvent à mon détriment.
Il est passé, le temps des pirouettes qui remettent à demain les choix vrais.

Ce soir je ne vois que l'effort à faire. Je sais qu'il en va de la vie en moi.
Mais j'ai retrouvé le son de la confiance.

22 août 2011

Nager sous la pluie

 Jour de renaissance après l'épisode d'angoisse d'hier.

Ce matin, une incursion vivifiante dans cette merveille de jardin partagé. Ça y est, je saute le pas. J'aurai bientôt ma clé pour aller m'y ressourcer chaque fois que je le voudrai :-) C'est là que vit ce magnifique nénuphar.

Puis la piscine, en solo. 
La piscine, je détestais ça ado. Sensation d'étouffement. Le bruit assourdissant, cette odeur de chlore. Le maillot mouillé et glacé sur ce corps que je n'aimais pas. L'eau morte.
Bien  plus tard, de nuit, sous les étoiles, j'ai trouvé le plaisir de glisser dans l'eau, dans la clameur assourdissante des crapauds amoureux. j'en ai sauvé plus d'un d'une noyade assurée. Drôle de sensation visqueuse.

Ce matin, pas de crapauds ;-) J'ai essayé d'être attentive. Doser l'effort. Trop peu, je ne me sens pas vivante, et si ma tête décide pour mes jambes, la crampe immédiate. Expérience intéressante dans le cadre de mon engagement du moment.
A. était là, ce matin. Il adorait aller nager, c'était sa méditation à lui, son exercice zen, disait-il.

Le clou, l'averse brusque  alors que j'étais dans l'eau. J'adore ça, quand il fait tiède bien sûr.
Je me souviens d'une fois en Guadeloupe. Ces impacts énormes, des cratères sur le sable brun de la plage. Et nous, hilares, sous les trombes.

Doucement, je reprends pied dans ma vie.
Sensation d'être un hibiscus en train de déployer ses pétales. Intensité et fragilité de l'instant.

21 août 2011

Retournement

La tentation de St Antoine, par Félicien Rops
Il l’éteint, l’obscurité est profonde ; et, tout à coup, passent au milieu de l’air, d’abord une flaque d’eau, ensuite une prostituée, le coin d’un temple, une figure de soldat, un char avec deux chevaux blancs, qui se cabrent.
Ces images arrivent brusquement, par secousses, se détachant sur la nuit comme des peintures d’écarlate sur de l’ébène.
Leur mouvement s’accélère. Elles défilent d’une façon vertigineuse. D’autres fois, elles s’arrêtent et pâlissent par degrés, se fondent ; ou bien, elles s’envolent, et immédiatement d’autres arrivent.
Antoine ferme ses paupières.
Elles se multiplient, l’entourent, l’assiègent. Une épouvante indicible l’envahit ; et il ne sent plus rien qu’une contraction brûlante à l’épigastre.
Malgré le vacarme de sa tête, il perçoit un silence énorme qui le sépare du monde. Il tâche de parler ; impossible ! C’est comme si le lien général de son être se dissolvait ; et, ne résistant plus, Antoine tombe sur la natte.
 extrait de la Tentation de St Antoine de Gustave Flaubert, disponible ici.



Quelques heures exceptionnelles de solitude, et l'angoisse terrible hier soir. Il m'aurait fallu une poignée de cailloux brillants pour que ma vie ait un sens ?!?

J'en ris ce matin.
Car je comprends dans mes tripes ce qu'est la tentation. C'est le fait de vouloir dans cette vie vivre l'entièreté de l'expérience possible comme condition du bonheur. Alors que c'est totalement l'inverse. 
La quête éternelle et sans fin de plus, et d'autre chose, est un leurre*.

Le cadeau transmis par l'homme au bois dormant m'attendait de l'autre côté de la nuit.
« Tu ne goûteras qu’à une part minuscule de cette vie et en échange tu la percevras toute. »
Bobin, bien sûr.


*Dans les yoga sutra de Patanjali, une des sources de la souffrance est raga , l'attachement à ce qu'on a gouté, qui nous a donné du plaisir une fois, et qu'on veut à nouveau, sans cesse, toujours plus.

20 août 2011

Grand beau

Oui la tempête a fait effet. J'ai passé une très belle journée hier . Je vois à nouveau ce qui me nourrit, pas que mes obstacles intérieurs (ou extérieurs).

Tous les jours un de ces moments où l'on partage notre vision et où ça fait avancer les deux ( ou plus), modifie notre manière d'agir, ou nos outils, les rend plus justes, affutés, simples. Ma petite tribu de cœur. Celle qui me donne la force de continuer à avancer quand je ne vois plus de chemin. Une bande d'extra-terrestres ou de farfadets, discrets et déterminés.

Et puis j'ai vu  aussi l'effet autour de ma confiance en la vie quand elle s'affirme et pousse les murs.
Tellement de chemin encore à parcourir pour être légère, me débarrasser de ce qui m'écrase, la laisser prendre toute la place.  Il n'y a pas d'autre trésor à chercher.

Toujours dans le domaine professionnel, la question plus forte encore en ces temps d'été du rester ou partir, du bon moment pour le faire, des conséquences.
J'affirme un choix ces derniers jours que je n'ai pas encore vraiment fait.
A décanter pour évacuer les traces d'amertume et voir ce qui reste, s'il y a bien un élan, un vrai. Ne pas lâcher la proie pour l'ombre.

Et puis des moments d'une simplicité absolue avec celui que j'aime, qui m'aime.

Garder cela quand la frénésie reprendra, pour ne pas m'y perdre ...

19 août 2011

Belle semaine

Je ne parlerai pas du temps qu'il fait.

Non, si la semaine a été belle, c'est que chaque jour m'a apporté son lot de moments précieux. 

Des moments partagés avec un de ceux/celles auprès de qui je me sens à l'aise, des moments d'échanges et de partages où chacun apprend de l'autre et en ressort enrichi. Ça peut être professionnel, dans l'un voire plusieurs de mes champs d'activités, ou amical, ou les deux, avec un ton plus léger ou plus sérieux, l'un n'excluant pas l'autre. Des hommes, des femmes. De tous les âges. 
Je trouve ça reposant.
Pas de conflit stérile, se dire les choses, promettre et donner, demander et recevoir, ne rien attendre et profiter, parfois juste se dire ou écouter.  Joyeux ou ronchon, ce n'est pas bien grave, comme la météo, on prend ce qui vient de bon cœur. Une espèce de tribu hétéroclite et qui pourtant a bien des points communs : certaines valeurs, la passion, la curiosité, le sérieux sans trop se prendre au sérieux. Ma tribu.
Je tire de ces liens une allégresse qui rejaillit sur tout le reste, me permet de créer ce qui donne du sens, ce qui simplifie, fluidifie.  Ou d'aider à faire bouger, se transformer, parfois disparaitre ce qui fait mal.
Je sais, ça a l'air un peu fou. J'assume de croire à des choses un peu folles ;-)

Dans une autre tonalité, il y a ces moments de simplicité absolus avec celui que j'aime. Ces moments qu'on voit mieux quand la frénésie s'estompe.
La semaine prochaine sera une semaine particulière. Je sais que j'en sortirai un peu autre. Je ne sais ce qui va bouger, mais je sais que ça remuera fort. Ce sera doux aussi.

18 août 2011

Temps d'orage

Il en est parfois de mes humeurs comme du temps. Orageux.

J'ai démarré la journée sur une sorte de "crachin" qui ne m'est pas habituelle, une envie de râler contre moi, une incapacité intense à me supporter .

Et puis s'est déployée progressivement la colère.
J'éprouve d'abord du malaise car je n'aime pas m'infliger cette violence-là, et puis d'un coup, cela confère à l'amusement. Car je sais que la colère est une énorme force chez moi, celle d'une de ces tempêtes qui dégagent l'horizon.

Bien-heureusement, j'ai pu partager sur le fond mes interrogations et mes craintes.
Et dans cet effet miroir, proposer des solutions à l'autre revient à en trouver pour soi.
Merveilleux ;-)


Donc j'ai quelques pistes pour mon problème.
-Dégager les priorités d'actions, celles dont je sais que cela aura un effet conséquent sur le système. Un des effets que j'appelle de mes vœux
-Accepter de ne pas être "bon élève" sur le reste pour ne pas travailler la nuit, ET ne pas culpabiliser non plus, ET le poser calmement
- Noter au fil de l'eau ce qui avance, et ce qui aide particulièrement en terme de méthode ou d'approche.


Ainsi nous aurons le carburant de la satisfaction du travail bien fait.
Celui-là n'est pas (ou moins) soumis aux caprices de la météo locale ;-)

17 août 2011

La violence

D'un coup,
comme une bouffée qui me serre à la gorge
la violence que je m'inflige régulièrement, quand ma volonté d'une main de fer force tout mon être à passer au-delà de son bien-être, de ses limites.
Je ne l'avais jamais senti avec autant de force.
C'est ce qui me fait peur. Retomber dans cette terrible dictature.

Devant témoin

Il y a ceux qui me mettent devant les pourquoi. Ça me gave. Condescendance en prime, ça m'horripile.

J'étais inquiet pour toi, m'a-t-il dit hier.
Comment vas-tu faire pour ne pas replonger, me dit-elle ?

Je crois que je ne sais pas bien. C'est ce qui a fait mon blues de reprise. Et là, l'excitation revient. Pas bon du tout, comme indicateur. Les pensées, les nuits écourtées, le travail à n'importe quelle heure, n'importe où.
N'importe quoi, surtout !

Prends soin de ta vie, me souffle ma petite voix. Car sinon, avec ta passion, ça va reprendre toute la place, tu n'as pas ce pouvoir, pas cette force, à toi toute seule.
Accepte ton impuissance pour trouver ta juste place.
Prouve que tu peux le faire pour toi, déjà. 
Ce n'est pas égoïste d'être exemplaire. C'est sain. Et bon.
Si le système est malade, ne devient pas malade pour le sauver, essaie à ta mesure et sache renoncer au bon moment.

L'écrire ici pour prendre cet engagement envers ma vie, devant témoin.

16 août 2011

Ode à la vie


Hier, au parc de Sceaux, faire le tour des grands arbres, poser les mains l'une l'autre, sentir l'écorce, rugueuse ou moins, parfois. 
L'odeur différente du bois. 
Et le flux qui monte par les pieds, les jambes, chaque arbre à son rythme propre.

Un tout léger au pouls très doux, presque évanescent, tellement habité dedans dehors que nous nous sommes demandées s'il était en fin de vie.
Un tout joyeux avec sa chevelure ébouriffée, pulsation gaie.
Un qui danse déjà léger : en automne déjà.
Les troncs multiples, revanche à la souche, unis par le rythme élancé.
et  le dernier, flux vigoureux, puissant.

Nous riions comme des folles, sans nous soucier des regards des passants, juste deux gamines en vie.

"Elle a jonché d’or et de jade ma routine
Elle a jonché de sopalin des torrents de larmes
Mais l’ampleur m’a fait me fissurer

Ode à la vie
Ode à la poésie
Ode à la parodie

Petit baigneur
Fait des longueurs à longueur d’odyssée
Brasse petit verni
À bras raccourcis
Brasse petit gabarit
Brasse
Brasse

Engloutis mes péchés véniels
Mes blasphèmes en apnée
Brasse

Elle a jonché d’orchidées l’enfer de ma marelle
Elle a saupoudré de courage mes limbes
Elle m’a arraché un sourire
Elle m’a dit polie polisson ces gravillons

Ode à la vie
Ode à la poésie
Ode à la parodie

J’fais la noce
J’fais la noce avec Yasmina
Je divorce avec la Grande Ourse
Aux équinoxes il arrive que je penche

Ode à la vie
Ode à la poésie
Ode à la presbytie

Aux orties les ciels de réglisse
Au pilori mes éclipses
À la trappe rodéos corridas civière sparadrap
À découvert le ventre à l’air
Ancré dans la baie du bonheur
Lancer des frisbees dans les jardins de Libreville
Lancé. Hop. Attrape. Loupé

J’fais la noce
J’fais la noce avec Yasmina
Je divorce avec la Grande Ourse
Aux équinoxes il arrive que je penche
J’fais la noce
J’fais la noce avec Monica
J’fais la noce

Ode à la vie
Elle a jonché d’or et de jade ma routine
Elle a jonché de sopalin des torrents de larmes
Mais l’ampleur m’a fait me fissurer
Ode à la vie
Ode à la parodie
Ode à la poésie
Ode à la vie
Ode à la vie ...
"
chante Bashung.

Face à la mer, face à la souffrance et la mort

Mes lectures de vacances n'ont rien eu de folichon cette année. 

Au menu, entre autres : 

- un témoignage sur la souffrance au travail, "ils ont failli me tuer" par Vincent Talouit et Bernard Nicolas. Un extrait ici d'une interview en vidéo.
Ce qui motive mon travail acharné du moment.

- "Dans les sables mouvants, une histoire de violence conjugale". Comment une jeune femme intelligente se trouve prise dans une histoire avec un homme, sous emprise de sa violence psychologique, physique. Incroyable et pourtant je connais tant d'exemples autour de moi de femmes pleines de qualité et qui sont piégées.

- "La vie sauve" , magnifique livre de Lydie Violet et Marie Desplechin sur l'annonce et la vie avec un cancer incurable. 
Besoin de revenir sur ces derniers mois. Les moments où il est possible d'être là, les moments où le peur reprend à la gorge.









- "D'autres vies que la mienne" d'Emmanuel Carrère, ou comment la confrontation à la mort nous mène à notre humanité.


Je ne crois pas que ce soit morbide. J'éprouve le besoin de partager avec d'autres humains ces sujets graves, ceux qu'on aborde peu au quotidien, ceux qui sont tabous parfois. 

Pour moi d'abord. Faire face à mes peurs et à mon impuissance pour être avec ceux que j'aime aussi dans ces moments-là, ne pas regarder à côté ou dire "demain je l’appellerai". Parce que le temps tourne et que je ne sais ce que demain me réserve.

Pour ceux que j'accompagne. Aller voir avec eux ce qui leur fait peur, sans édulcorer mes questions ou vouloir rassurer.

Pour prendre en main les situations sans tabous et qu'elles cessent là où je suis mandatée pour le faire ou le faire faire, sans relâche, par tous les moyens en ma possession.



C'était bon d'être face à la mer, comme un rappel de ce mouvement éternel , très doux, de la vie et de la mort.

11 août 2011

Reprise(s)

Après 3 semaines sous le signe de l'amitié, de la famille et de la nature, j'ai retrouvé lundi mon bureau, mes dossiers, mes collègues. 
Bon. Pas d'enthousiasme démesuré. 
Le travail ne manque pas, et il va dans le sens d'une acceptation par le système, lente, certes, et encore tellement fragile, du changement de regard que nous impulsons

Je me dis que cela m'aide à ne pas me languir trop de la mer, mais le manque s'en fait sentir cruellement.

Le mois d'août favorise d'autres modes de relation, un peu plus détendus. Les regards se font plus ouverts, les sourires plus fournis. Quelques instants de confidences et de complicité se glissent dans les interstices.
Je savoure et je veille en même temps, car je me laisse parfois envahir encore, et ne le veux plus.

Mardi un vrai temps amical et pro au déjeuner. Nous ne verrons pas le temps passer,une fois encore.
L'écouter et l'aider à formuler ses soucis du moment. La santé. Le travail. La vie.
La remercier car le récit de son burn-out m'a permis, de justesse, d'éviter la même chausse-trappe en juin en dépit des journées très longues et des nuits de plus en plus courtes. 
Lui raconter ce que j'ai écrit. Accepter qu'elle me dise ce que je sais, c'est à dire que je n'ai pas vraiment décroché cette fois-ci. Ce n'est pas pour rien que j'ai tant de mal à revenir...Je dois lâcher. Vertige. 
L'ego. Celui-là toujours. 
La peur de n'être plus rien si je lâche.
Ça grippe et ça grince.
Je sais que ça lâchera. Un jour.

Reprendre le fil des contacts avec ceux et celles qui forment mon réseau d'ami(e)s, ce tissu léger qui chatoie, vivant, ondulant au fil du temps. 
Celui qui retient les perles de rosée.
La tunique des elfes est faite de ce matériau-là. 
Memo : retrouver ses propriétés pour m'en inspirer ;-)


9 août 2011

Araignée, hirondelle

C’est son regard que j’ai remarqué en premier. Un regard très noir, ardent, vif. Dans une petite femme joyeuse. Bien que seule, elle était manifestement en couple, et heureuse. 
Au fil des échanges, nous apprîmes qu’elle était veuve depuis 4 ans. R. était mort sur le coup en rentrant du travail un soir tard, à quelques centaines de mètre de sa maison, le jour des 7 ans de leur cadet. 

Quatre ans après, elle le voit partout. 
Dans le visage du cadet, dans sa démarche qu’elle contemple parfois, les jours de nostalgie. 
Dans le caractère de l’ainé si serein. 
Dans chacune des araignées qui croise sa route. Car disait-il, passionné de ces bestioles depuis toujours, je me réincarnerai en araignée. Depuis, en dépit de sa trouille, elle les sort délicatement sur un papier en leur parlant.

Jusqu’à ce que la mort nous sépare dit-elle ? C’est faux, la mort ne sépare pas ceux qui s’aiment. Et elle sourit.

Elle, rêve de se retrouver hirondelle.

8 août 2011

Ecrire

La mer pour laver et mettre en mouvement, inlassablement
le sable pour polir,
le vent pour remplir les oreilles du rien
le sel pour brûler et soigner.


Et puis pas d'internet pour remplir avec les voix du monde, celles qui parfois remplacent la mienne et la font taire.

Je devais écrire sur le sujet que j'ai choisi, un autre s'est imposé. 
Explorer l'ombre dans l'eau, celle qui me poursuivait ces derniers temps.
Sauca toujours, la relation encore.

Esquisser, décrire sous différents angles, retoucher les contours, trouver les couleurs.
Reprendre inlassablement le texte, pour préciser, ne rien taire, lâcher la crainte de voir écrit ce qui me fait peur, voir se dessiner tous les liens, se défaire les chimères.
Jusqu'à ce tout soit là. Évident.

L'ombre dans l'eau, je sais à présent ce qu'elle est, et ce qu'elle n'est pas.
Je sais sa vertu pour moi. 
Elle a tant à m'apprendre sur ma posture, en tant que thérapeute, parfois aussi en tant qu'amie.


Comme aide dans la plongée : 
                 Henri Bauchau  : l'enfant bleu
François Roustang  Savoir attendre : pour que la vie change










Il me reste tout de même à écrire ce que j'ai promis, ce que je me suis promis. 
Et demain la reprise. 
Il faudra une fois de plus ruser avec le temps.

7 août 2011

Leur coin

Je les ai retrouvées jour après jour au même endroit. Leur coin.
Nous regardant du coin de l'oeil avancer. 
Petits pas pressés mais pas trop pour s'écarter suffisamment des importuns, puis revenir.

Une de seules photos des vacances rescapées. 
Trop peu de lumière, et puis l'envie d'être légère qui m'a souvent vue mains dans les poches sur la plage. Même pas une serviette de bain sur l'épaule, c'est dire !

Donc du gris, du blanc. Le ciel gommé. Et tout de même une certaine allégresse dans tout cela.


La mer

15 jours avec la mer aussi près que dans mes rêves d'ailleurs, de demain.
Aller la voir à tout heure, grise, verte, blanche, plus rarement bleue.
Haute, basse, méduses et mouettes en parures. Fraîche toujours. Calme parfois.
Les petites coquilles roses, "barbie" les surnommons nous avec les petiots déjà si grands. J'en ai rapporté quelques unes pour ne pas oublier la délicatesse de ce qui est.
Les deux mille textures du sable, à l’œil, au pied, sous la paume. Caresse ou gifle selon le vent. Les impacts de la pluie comme de petits cratères très réguliers. La douceur du sable mouillé par l'eau douce.
Les herbes des dunes, les douces et celles qui piquent, la manière dont elles vivent le vent, comme une danse souple et si jolie.

Les cerfs volants, leur sifflement et claquement, les grandes voiles colorés des kitesurf, celles qui me donnent envie de m'envoler. Cœur qui bat.
Les nuages de toute sorte. Même les très noirs m'ont enchantée. 
Oui, les couleurs toujours. Parfois je marchais sur la bande argentée entre la mer si grise se fondant avec l'horizon, et le sable taupe, une merveille. 
Je passe l'or le mauve, le rose, le bleu, le violet de certains crépuscules.
Oui, j'ai aimé la mer, passionnément. Au point de me lever parfois très tôt pour en profiter seule, avec les mouettes. Peut-être 4 humains sur les kilomètres, le bonheur. Courir, parfois, pour voir. Mais finalement marcher pour être plus en accord, vraiment, avec ma nature. Pieds nus de préférence. 

Me baigner ? Un peu mais très peu, trop froid quand même. Et puis les méduses, énormes cette année, m'ont ôté mon peu de courage :-/