29 avril 2012

Repères

Le vent dehors, qui tourbillonne depuis plusieurs jours.

La tempête, à l'intérieur.
La vie secoue bien fort. Tous ces deuils sur tant de plans.

Tant de minuscules et gigantesques écroulements qu'il n'y a plus de certitude possible.

Difficulté extrême de trouver  l’œil du cyclone.
Cadeau de savoir que c'est la seule base stable d'un être humain et de n'avoir d'autre choix que de la trouver, coûte que coûte...

Utiliser ce que je ressens dans la relation.
Discerner ce qui m'appartient, le distinguer de ce qui appartient à l'autre.
Sortir autant que possible de mes blessures et de mes illusions.
Ne pas me claquemurer dans ma peine, si m'étourdir dans ce qui ne serait rien.

Survivre,
traverser l'orage,
l'accepter autant qu'il est possible,
choisir la manière de vivre ce qui me touche.

Etre un peu douce pour moi.
Accepter mes erreurs et mes faiblesses. 
Les aimer.

22 avril 2012

Les mots ici

Les mots ici se font rares. Ce n'est pas qu'ils seraient de trop. C'est juste le silence qui doit primer.

Je ne sais répondre à vos commentaires qui pourtant me touchent beaucoup.
Votre présence est précieuse, et pas si virtuelle.
Alors, merci.

17 avril 2012

La vérité du corps

La vérité du corps, c'est ce poids que je traine depuis la nouvelle, cette lenteur un peu hébétée.
Je ne suis pas tout à fait là, dans la course habituelle, je suis aussi dans cette chambre blanche, avec cette femme qui lutte, avec ou contre son corps.

La vérité du corps, c'est ce rire comme une éclaircie rare, car les larmes pointent derrière.
Ces larmes qui coulent sous la protection d'un sourire ami.
Ces sanglots qui secouent fort dès le téléphone posé. 

Cette dureté extrême du deuil à préparer maintenant pour l'accompagner en douceur, en joie, quand il sera temps. Violence de ce qui est et n'est pas à la fois.

J'ai retrouvé ce matin timidement le chemin du tapis. Vérité du corps. Là. Maintenant.

13 avril 2012

L'enfer est pavé etc etc

Oui, l'enfer est pavé de bonnes intentions.

La coupe est trop pleine ces derniers jours pour ne pas déborder. Et là, je constate à la fois la bonne volonté de la plupart des gens qui m'entourent, et la maladresse de certains. J'ai la chance toutefois d'être bien entourée dans la "vraie vie " aussi par quelques très proches dont l'écoute et les paroles sont d'une justesse qui fait chaud au coeur. 

De quoi me donner quelques leçons sur ce qui passe et ne passe pas en accompagnement.

- Ceux qui plaquent leur vécu sur moi et sont forcément décalés ( et oui, c'est tellement personnel)
- Ceux qui m'expliquent toutes les leçons que je dois tirer de ces épreuves ( alors même que je suis en train de me relever du premier choc : ok mais chaque chose en son temps !)
- Ceux qui viennent avec un air de chien battu pour se repaître de ce qui fait mal, avec le même air gourmand avec lequel ils dégustent les faits divers
- Ceux qui me plaignent avec beaucoup de sincérité et me rajoutent une louche de travail toutes les 4 minutes en moyenne ( doucement, il faut que je tienne le choc !)

Ne croyez pas que je leur en veuille, c'est tellement humain. 
Mais je bénis cette capacité à me protéger des intrusions dont j'ai hérité, tout en savourant de pouvoir me lâcher, enfin, et accepter l'aide qui m'est abondamment donnée.




Le casse-briques

L'autre matin, après une nuit perturbée, j'ai eu l'image d'un de ces jeux de casse-briques où le premier coup fait changer de couleur, le deuxième fragilise, et le troisième détruit. 

Mais je ne suis pas une brique.

Nulle autre piste que de vivre ce qui se présente, avec l'attention au corps, à ce qui est humble et subtil. 
Le reste n'existe pas.

ps : merci pour vos mots, et vos intentions, qui me touchent beaucoup.

9 avril 2012

Un bouquet d'anémones rouges


Un bouquet d’anémones rouges, seule tâche de couleur dans cette chambre blanche.
Au milieu des appareils et des tubulures, perdue dans le lit, une petite femme frêle.
C’est ma mère. 

D’elle reste son caractère qui devient irascible quand elle est angoissée, alors qu’elle est si enjouée et charmante devant ceux qui ne sont pas ses proches. Son regard intense. Sa culture et sa curiosité. Le culte de la beauté. Sa volonté inflexible. Ces centaines de projets qu’elle égrène comme un chapelet d’espoir.

D’elle restent un peu plus de 40 kilos, le poids de ce qui la ronge.

Assise auprès d’elle, je l’écoute, je lui raconte ma vie d’aujourd’hui, je la masse, aussi enjouée et sereine que possible, alors que je sens plus, sous sa peau parchemin, que ses os. Même là, dans cette essence d’instant, elle ne s’abandonnera pas. Elle lutte, s’accroche.

Quand je sors de la chambre, c’est comme un immense poids qui m’écrase. Envie de dormir tout le temps. Du mal à goûter ce que j’aime tant dans cette ville. Fleuves et collines. Cette force incroyable qui me porte habituellement.
Quand je me regarde dans la glace, je regarde ma chair et vois la vie.

Tout à l’heure je repartirai. Je reviendrai bientôt.