30 septembre 2011

Remercier

Aujourd'hui c'était son dernier jour de travail. La retraite.

Quelque chose est apparu soudain que je ne pouvais taire.
Lui dire merci.
Pour ce qu'il m'avait donné à voir de mon manque d'écoute, de mon intransigeance, quand je pensais avoir raison contre lui.
Après, nous en étions sorti, arrivant à travailler ensemble, unissant nos forces. Tellement complémentaires.

Je voulais lui écrire.
Je lui ai demandé finalement qu'on se voit un petit moment. Juste avant son pot.
Il a dit que c'était juste pour lui de passer la main à cette équipe là. Que c'était doux de voir que ce qu'il avait bâti fructifierait.

Combien la joie qui me porte rayonne en ce moment.
De prendre soin de moi.

Nous étions émus tous deux. C'était doux.

Insomnies

3h34. C'est mon heure. Comme un appel.
Je me lève. 
Retrouve ce fauteuil bleu pas très beau, un peu déglingué maintenant,  mais tout à fait confortable pour le dos, prends le micro sur les genoux comme un chat. Les pieds sur la table basse.
Je retrouve la sensation des insomnies de grossesse. Le fauteuil les a connues aussi. Rendez-vous avec ces bébés dont l'un, maintenant, se rase la moustache.

Des moments très privilégiés d'arrêt du temps.  Moments d'intimité.
Pas d'angoisse, même si parfois la fatigue parcourt tout mon corps comme un ruisseau très bruyant.

Du rien, juste avec moi. Où quelque chose peut lever. S'exprimer.
Parfois je peux dormir à nouveau. Parfois pas. 
Je n'essaie plus. Pas envie de bousculer ce qui se passe là.
Alors je me couche très tôt quand c'est possible. Et je ris la journée.


Les rêves, ces dernières nuits.

Hier, ce boulanger qui me montrait la signature sur son pain, alors que ce n'était que la deuxième fois que je venais dans sa boutique. Il avait besoin de me montrer sa marque. Un C à l'envers, très beau graphisme d'ailleurs. La première lettre de son nom. J'étais un peu étonnée qu'il me parle ainsi, avec tant de familiarité, de ce qui était important pour lui.

Cette nuit j'ai longtemps marché aux côté de G. Une de ces marches qui durent des jours et des jours et font traverser des pays. 
Su finalement ce qu'il avait tu. Sans que ça change rien. 
Rencontré les gens qui me racontaient comment il avait dénoué des choses chez eux. "On l'appelle Rabhi, ici. Il monte discuter à l'étage avec celui qui , et voilà, ça revient".
On a fini par dormir côte à côte. Comme frère et soeur. 
Sachant que ça jaserait forcément mais que la vérité étant autre, ça m'était bien égal.


Étonnant les rêves. Ce qu'ils nous racontent de nous.

29 septembre 2011

Porter, être portée

Il y a plus d'un an, j'expérimentais dans mon corps combien il était difficile de se laisser porter

Ces derniers jours, alors même que les nuits s'assèchent et que les journées deviennent aussi longues que la traversée d'un désert brûlant, je vis dans mon équipe, tour à tour,  le bonheur de porter et celui d'être portée. 
Des regards attentifs, des messages bienveillants, un déjeuner paisible, de vrais éclats de rire. 
Ce que je rêvais commence à venir.
(et on bosse dur , on entraîne du monde avec nous, on fait des émules !Quand je vous dis combien j'ai de la chance...)

Oui, le rêve est le chemin.

Je vous laisse, mon oreiller m'appelle ;-)

25 septembre 2011

Neuf cent et une nuit

Je voudrais partager avec vous la fin d'un cauchemar ( d'un enchantement ?).

Une femme au prénom des mille et une nuit. 
Qui par amour quitte tout ce qui faisait sa vie (une vie très active où elle était reconnue pour son intelligence, sa force, sa joie, sa générosité) et suit un homme dans un pays inconnu. 
Douce et soumise, elle se plie à tous ses désirs, confectionnant au quotidien des mets de roi.

L'homme se révèle ( les mots manquent) un être d'ombre. 
Humiliations quotidiennes, jalousie, sequestration, vol, viol, coups, tout y passe. 
Il la coupe de tous les gens qu'elle aime, essaie d'anéantir sa lumière, et sa rage croit, redouble.

Elle, est comme figée par un enchantement. Tous autour d'elle la supplient de le quitter. Elle ne le peut pas. Nous ne pouvons que la regarder dans son piège. Atterrés et impuissants. Attendre en gardant confiance.

Puis il essaie de se débarrasser d'elle en jouant. Il lui propose de se marier, pour qu'elle ait enfin des papiers, fait semblant de déposer le dossier, et le retire, l'oblige à quitter la France quelques jours avant l'expiration de son visa, de manière à ce qu'elle soit bloquée à la frontière à son retour.  Il la dépouille via des faux des économies de sa vie d'avant.

Mais voilà. Tous les obstacles tombent devant elle. Les frontières s'ouvrent.
Sa rage croit encore.
Il la jette dehors, un soir. 
Le plus beau cadeau qu'il lui ait jamais fait, car l'enchantement prend fin.
Mille bras s'ouvrent pour l'accueillir. 
Elle en appelle à la justice qui la soutient. 
Et, par un concours de circonstances improbable, qu'on ne peut que qualifier de miraculeux,  trouve un travail à la hauteur de ses compétences et de ses qualités en moins de trois jours, ailleurs.

Elle est venue hier nous dire au revoir. Son visage est transformé, lavé de l'absence d'espoir. Jeune à nouveau.
Elle m'a dit combien elle a appris de cette terrible aventure. 
Et notamment que donner n'est pas suffisant. Qu'il faut savoir recevoir, aussi.
Je lui ai offert le livre des femmes qui courent avec les loups, qu'elle avait lu chez nous, et aimé. 
Avec tous nos vœux de bonheur.

Neuf cent et une nuit...

Histoire vraie, en écho à l'homme au bois dormant.

23 septembre 2011

Lâcher du lest

Lâcher du lest, laisser la place, sortir du il faut, tu dois, tout de suite, prendre le temps de respirer.
Il a fallu aller tellement loin pour l'accepter, juste un peu.
Voir les fruits de mon action acharnée ; sentir la fatigue jusqu’à la moelle.
Accepter de me dire que là, c'est trop, que c'est tout sauf juste. Que le mur n'est pas loin. 
Confier ce qui peut l'être à d'autres, laisser le reste sans état d'âme et ralentir. 
Jusqu'à pouvoir tenir debout autrement qu'à la force de la volonté.
Jusqu’à retrouver des yeux qui rient. Des mains qui ne tremblent pas. Des jambes qui ne flageolent plus
Lâcher aussi pour que d'autres ne rentrent pas par passion, par loyauté dans le même tourbillon fou.

"Lâché du lest
Pris de l'altitude" chante Bashung.

J'ai pris conscience que je ne suis pas loin de ce qui touche les soignants. Jamais assez, jamais assez vite.
Parce que la souffrance au travail, c'est tellement sérieux.
J'ai même fait le test. Pas brillant.

Aujourd'hui, j'ai prévenu que j'étais en retard sur beaucoup de choses et que ça durerait.
J'ai refusé des rendez-vous sur des sujets qui me passionnent.
Au lieu de continuer au-delà de mes forces, je suis rentrée, et me suis allongée.
Je n'ai pas continué mes conversations professionnelles par sms jusqu’à point d'heure. Même avec plaisanteries comprises.
Je n'ai rien pris pour travailler ce week-end. Et sans culpabilité.

Laché du lest. 
Avant de couler.

La boîte de Pandore

Elle n'a l'air de rien mais si l'on caresse son couvercle d'un certaine manière, elle s'ouvre brusquement. 
Les premières choses  qui en sortent semblent nominales, mais d'un coup apparaissent les pires démons; ceux qui griffent, déchirent, attrapent leur proie et ne la lâchent qu'une fois à moitié morte. 
Des démons de plumes et d'orties, de fiel et d'amertume.


Que faire ?
Attendre encore ? 
L'ouvrir , mais sous protection ? 
Ou entreprendre de la vider résolument jour après jour?

Le courage me manque.
L'énergie fuit par les trous béants du sommeil, déjà. 
Les autres boîtes en cours de nettoyage prennent tant de place déjà.
J'ai peur de perdre ce qui m'est le plus cher, faute d'être présente dans ce combat. 
Qui  pourrait certainement ne pas être un combat.

Je tente autre chose. 
Trouver d'abord le souffle, la lumière.
Convoquer à mes cotés toute la magie d'amour. 

Et après, je m'offrirai à cette aventure nouvelle.
Le cœur ouvert à ce qui peut advenir.

21 septembre 2011

Travailler moins...

A méditer :
ici 


à l'heure où je travaille à la fois trop et pas assez :-/

20 septembre 2011

Le temps

Les bras de mon petit loup, le temps d'un câlin.
Les petits affolements du matin où, pour mon grand, tout devient urgent qui ne l'a pas été depuis la veille.
La voix fraîche de R qui apprend sa poésie à 6h  et vient me la réciter en pleine séance matinale.
Le temps de rien que je m'offre, quelle qu'ait été la nuit. La paix comme mantra. Shanti.
La joie de l'enthousiasme partagé, de ce qui se créé entre théorie et quotidien, ici et maintenant.
La perspective de construire d'autres collaborations, dans d'autres vies.
Le temps d'écouter, d'être là pour l'autre, quelques instants intensément.
Un verre d'eau et les éclats de lumière de Bobin, pause luxueuse.
Des rires tissés au plus sérieux des sujets, le temps d'une réunion de travail qui en est vraiment une.
Quelques minutes pour entendre une voix amie.
Un repas partagé, un peu tard, mais partagé tout de même.
Ce temps de décantation, de célébration, avant de glisser dans le sommeil.

19 septembre 2011

Systèmes stellaires

Certaines rencontres comme des forces qui mettent en mouvement de l'extérieur ce qui n'était pas connu de l'intérieur.
Etrange et remuant, au sens propre.







Nous sommes bien souvent des systèmes stellaires.





Passer à la galaxie, l’œuvre d'une vie ?











Et tout ce vide qui cherche la place.

18 septembre 2011

Faire le point

Un week-end sans programme, un vrai luxe. Une plage pour me reposer, décanter ce qui bouscule de l'extérieur et de l'intérieur, goûter la vie en toute simplicité.

J'en ai profité pour contacter mes sœurs de cœur, et trouver dans les échos échangés de quoi poser des repères sur ce que je vis. Il y a eu des rires qui ressourcent, des larmes qui allègent, des choses dites jamais encore avouées à quiconque, poches de honte qui se dégonflent comme des baudruches à bout de souffle.

Oui, ça bouge fort. Ça pète et tressaute, renâcle et part au galop, me désarçonne. Mais quelle énergie de vie !

Mon rapport au pouvoir a changé. Celui des autres, le mien. Toujours beaucoup d'ego, mais un peu d'humour. Plus d’honnêteté. J'accepte mieux d'être celle que je suis, dans ce monde très contraint, très normatif.

Mon rapport à ma féminité change aussi. C'est plus compliqué encore.  Une facette clignote fort en ce moment, c'est qu'il est temps de s'en occuper, de l'apprivoiser, de l'intégrer. Sinon, explosion en vol garantie...Le voir est déjà un cadeau. Forte de cette acceptation, j'ai écris enfin ce qui me troublait jusqu'au bout, sans me cacher à moi-même ce qu'il en est. 
Trié ce qui est de ce qui n'est pas autre chose qu'un miroir de ce qu'il faut exhumer, recycler, cadavres puants et dérisoires. Vieux squelettes à nettoyer avec amour avant de les enfouir à nouveau.
Laissé les images s'imposer pour trouver une piste. Les déesses !  Je viens de commander "Femme et déesse tout simplement : Rencontre avec le féminin sacré" de Christine Champougny-Oddoux. 
Je vous raconterai. Si c'est racontable, bien sûr ;-)

Et mon mémoire dans tout ça ? Déjà vingt pages, et encore un mois. Ce qui est mûr est écrit, le reste doit être d'abord vécu.

la joie, la Joie

la joie du coeur qui entre en contact avec l'autre, l'Autre.
la joie du ventre , celle du rire débridé,
la joie de ce qui est juste, clarté qui perce à travers les brumes tourbillonnantes,
la joie des doigts qui touchent l'infiniment présent
le joie des pieds qui dansent,
la joie de la gorge, souffle qui passe et unit

et tant d'autres que je ne sais décrire, parfois même pas vivre.

laisser ces petits ruisseaux joyeusement tracer leur lit dans mon corps, jusqu'à n'être plus que Joie

17 septembre 2011

Arnaud Desjardins part I




La première des douze video où Arnaud Desjardins raconte son itinéraire spirituel, avec une grande simplicité. J'ai eu envie de partager cela avec vous.
Et cette phrase de son maître qui m'a marquée "on n'a jamais tant envie de donner que ce qu'on n'a pas reçu".
Cela me touche au coeur.

Une rencontre ( suite)

Cette fois nous n'avons pas fait semblant d'être des étrangers.
Nous sommes allés directement à l'essentiel de nos vies.

Il a toujours ce regard pétillant et perçant qui lit ce qui est, au cœur.

Il n'est plus dans la bagarre. Il a trouvé sa force.
Un ancrage.
Une douceur envers lui-même.
Une unité.
Quel bonheur de le voir ainsi.

Je lui ai dit ce que je vis.
La confrontation de l'illimité et du limité.
Changement d'axe en cours.

Ce qu'il m'a soufflé en écho est étonnant de cohérence avec ce qui vient quand j'écoute.
Il n'est plus temps d'apprendre plus, autre chose.
Il est temps de garder en permanence ce lien entre l'action et ce qui sait.

Le ferment, l'étoile, l'onde et

Quand ma propre caillasse intérieure me lâche (ou plutôt que je la laisse se déposer) , mes journées extérieurement folles sont tellement douces qu'un seul mot vient :  merci.

Merci au ferment.
Celui qui chauffe, aère, transforme, met en vie.

Merci à l'étoile
celle qui guide et illumine, 
qui trie ce qui est juste de ce qui ne l'est pas, 
trouve la lumière dans l'obscurité même.

Merci à l'onde
celle qui recèle en ses profondeurs la sagesse de l'unité.

Et il y a la matière
Celle sans qui les trois autres ne sont que rêves. 
Foncièrement imparfaite et limitée. 
L'ombre sans laquelle il n'y a pas de lumière. 
L'humour de l'imperfection. 
Le support. 
Merci à elle avant tout d'être.

16 septembre 2011

Le rêve et le chemin

En juin j'ai rêvé. Maintenant que la réalité est là, il reste à construire.
Quatre caractères, quatre histoires, des accrocs.
Il faut trouver les liens, comment faire se rencontrer les forces de chacun.Que chacun y trouve son compte.

Que j'investisse le temps, le soin, pour cultiver ce jardin-là, patiemment.

Donner du sens, poser le cadre, les règles, être en ressource.

Dormir, manger, ne pas courir trop souvent loin d'eux sur mes propres chemins.
Faire de mon mieux.

En leur laissant ce qui leur appartient.

14 septembre 2011

Raconter des histoires

Non, je ne suis pas conteuse.
Et pourtant raconter des histoires convaincantes fait partie intégrante de mon métier.
Pas de celles qui masquent et travestissent. Non, celles-là ne m'intéressent pas.
Celles qui permettent de trouver du sens ensemble, et de construire, de sortir des conflits de principe et des dissensions la tête haute. 

Des bribes de chansons des uns et des autres, construire une nouvelle musique.
Une mélodie qu'on murmure dans les vents coulis, glisse au gré des ruisseaux, sifflote sous l'écorce. 

Défaiseuse de nœuds, faiseuse de liens. Tisseuse à ma façon.

Prendre les fils dans l'air du temps, pas dans mes tripes et mon âme.

La grue cendrée

Cette histoire est maintenant du passé. Un couple de paysans avait un fils unique appelé Korato. C’était un garçon honnête et bon, qui cultivait le champ familial, coupait le bois pour aller le vendre à la ville. Économe et travailleur, il était le soutien de ses vieux parents. Korato était un homme juste, et sur lui les dieux veillaient…


Un matin, il travaillait dans les bois, quand il entendit un faible bruit qui semblait provenir de la cime d’un pin : « Krou, ou, ououou… »

Il prêta l’oreille…silence. Mais comme il suspendait un instant sa hache, il crut percevoir à nouveau cet appel : « Krou, ou, ououou… »
« Y a-t-il quelqu’un ? demanda-t-il en levant les yeux vers les plus hautes branches.
__ Monsieur, aidez-moi s’il vous plaît, je suis blessée », fi une voix mélodieuse.
Korato entreprit aussitôt de grimper ; il se hissa jusqu’aux branches les plus élevées. Arrivé au sommet, il découvrit à moitié dissimulée sous les feuilles, une grue cendrée, dont une aile déchirée pendait tristement sur le côté. C’était une créature de rêve. Elle était grande, le maintien plein de noblesse malgré sa blessure, de longues pattes fines ; une huppe délicieuse posée sur le croupion ajoutait à sa grâce. Elle avait un cou délié, sur la nuque l’on distinguait l’adorable tache rouge alizarine qui signe l’espèce… et cette couleur cendrée, dans tous les tons d’ardoise, ces accords de gris, nuancés d’argent au jeune soleil de l’aube. Korato tomba sous le charme. Il entreprit de la secourir. Il ne pouvait la déplacer, il se mit en quête d’eau et de nourriture. Ainsi, pendant plusieurs semaines, il la soigna.
Ils parlaient. Elle lui conta son histoire.
« Il y a des ères, lui dit-elle, j’était une princesse à la cour du grand empereur Mahayana, dont mille rois étaient sujets. Ce grand monarque avait trois fils : Mahanada l’aîné, le puîné Mahaveda, et le benjamin : Mahasattva. Je devais épouser l’aîné, mais j’aimais le benjamin, qui était tendre et doux. Je m’enfuis avec lui. On nous rattrapa et je fus mise à mort. Depuis, je suis enchaînée à la roue de la vie, et je poursuis le cycle des reconnaissances. »
« Korato, dit-elle un soir, tu me rappelles Mahasattva, le plus jeune fils de l’empereur Mahayana, comme lui tu es doux et bon. »

Le lendemain, quand Korato grimpa au sommet du pin, la grue cendrée n’était plus là. Guérie, elle s’était envolée. Alors le jeune homme sombra dans la mélancolie. Il travaillait en silence, ne mangeait plus. Ses parents s’inquiétaient. Sa mère, qui était une femme dure et pratique, se lamenté ainsi :

« Que devrions-nous, si notre fils meurt ? À peine si j’ai pu cacher douze piécettes de cuivre dans un pot. Nous n’aurons bientôt plus rien… »
Elle se tordait les mains de désespoir.
Quelques jours après, un matin, l’on frappa à la porte de la chaumière. Korato travaillait déjà dans la forêt. La mère vint ouvrir. Sur le seuil se tenait une très belle jeune fille, son baluchon à la main :
« Je cherche un certain Korato, dit-elle.
__ Que lui voulez-vous ? » Interrogea la mère, méfiante.

Elle ajouta en maugréant :

« Il n’est pas là, et il ne rentrera qu’à la tombée de la nuit !
__ Cela ne fait rien, je l’attendrai », fit la jeune fille d’une voix douce, et elle s’assit devant la maison, son baluchon à côté d’elle.
Tout le jour, elle resta là. Quand les parents lui jetaient en passant un coup d’œil curieux, elle répondait d’un sourire modeste. Enfin, Korato rentra. El était fatigué et triste, comme tous les jours depuis le départ de la grue cendrée, qui avait charmé son cœur.
« Bonjour, dit la très jeune fille.
__ Qui êtes vous ? demanda Korato.
__ J’ai des choses importantes à vous dire… », et elle sourit.
« Entrez », dit Korato d’un ton las.
Mais comme il croisait son regard sur le seuil, il aperçut dans les yeux de la mystérieuse jeune fille une infinité de ciels gris. Et il eut le cœur troublé.
« Monsieur Korato, dit la belle visiteuse, mon nom est “l’Humble Osaku”, je sais coudre, tisser, cuisiner, allumer le feu, et aucune tâche ne me rebute, je désire vous épouser. »
Korato regardait cette très belle fille, stupéfait. « Vous nettoierez aussi la cabane, balaierez le seuil, soignerez le père qui est malade ? Questionna la mère.
__ Je serai une bru docile, et je vous servirai, mère, dit l’Humble Osaku en baissant les yeux et en inclinant le buste avec respect.
__ Epouse-la, Korato », décida la mère.
Ainsi fut fait.
Marié à l’Humble Osaku, Korato connut sa beauté, alliée à la douceur de cœur, la modestie, le courage, l’ardeur au travail. Elle exécutait toutes les tâches sans jamais se plaindre. La mère était satisfaite. Et la joie revint peu à peu dans le cœur du jeune homme.

Le temps passa. La mère, qui ne faisait presque plus rien, avait le temps de réfléchir. Un jour, elle dit à sa bru :

« Humble Osaku, j’ai regardé par hasard dans votre baluchon, que vous aviez caché au fond de l’armoire, et découvert un morceau d’étoffe merveilleuse. Est-ce vous l’avez tissé ?
__ Oui, mère.
__ Et bien, ma fille, pourquoi ne pas vous mettre au travail, on vous procurera un métier à tisser, et vous nous fabriquerez une étoffe, que nous pourrons vendre à la ville !
__ Mère, fit timidement l’Humble Osaku, nous sommes pauvres, mais nous manquons de rien, et ce travail …..
L amère n’écouta pas. Elle avait le cœur empli de désirs inassouvis. Elle fit le siège de son fils. Tant et si bien qu’un soir, Korato dit à son épouse :
« Ma tendre amie, pourquoi ne voulez-vous pas tisser cette merveilleuse étoffe que ma mère a aperçu dans votre baluchon ? Nous pourrions récolter des pièces d’or, que ma mère pourrait mettre dans le coffre, à la place des piécettes de cuivre. Nous serions enfin riches ! »
L’Humble Osaku céda. Mais elle avertit son époux : « Tisser cette étoffe exige que je m’enferme pendant un mois dans le grenier, et que nul ne vienne me déranger. »
Quatre longues semaines s’écoulèrent. Quand l’Humble Osaku réapparut, elle était pâle, amaigrie, épuisée, et semblait presque aux portes de la mort, mais elle tenait dans ses mains une étoffe extraordinaire, un tissu aux couleurs éclatantes, à la fois chaux et léger, doux au toucher comme de la soie, et confortable comme un duvet, un tissu comme nul, jamais, n’en avait vu. Korato alla le vendre à la ville voisine. U grand seigneur lui en offrit dix mille pièces d’or. Il rentra chez lui, fou de joie.

Il acheta pour ses parents une belle maison et devint un honorable négociant en bois. L’Humble Osaku ne participait pas à l’allégresse générale, elle se remettait difficilement de son travail épuisant, et son regard, autrefois si confiant, se nuançait de mélancolie. Peu à peu, cependant, elle recouvra une santé précaire. Nul dans la famille n’y prêta beaucoup d’attention ; Korato lui-même avait tant de choses importantes et nouvelles à faire…


La mère s’était installée dans l’opulence, comme si elle lui était due. Elle menait grand train, s’achetait des robes de prix, s’offrit même un palanquin. Elle voulait rivaliser avec les plus belles dames de la ville. Un jour, elle s’aperçut que le tas d’or dans le coffre, où elle puisait sans contrainte, diminuait. Bientôt, on atteignit la cote d’alerte. Alors, elle se souvint de sa bru :

« Ma fille, dit-elle brutalement, vous allez vous remettre au travail, et nous tisser une étoffe que mon fils pourra vendre à la capitale, et peut-être à la cour… »
El elle rêvait déjà avec gourmandise au gros tas d’or qu’ils pourraient entasser dans le coffre.
« Mère ! Intervint faiblement Korato, vous savez bien que ce tissage particulier est très épuisant, et que mon épouse a été longtemps malade à la suite…
__ Bagatelles ! l’interrompit la mère. Les jeunes d’aujourd’hui se plaignent pour un rien. »
Elle renouvela sa demande tous les jours. Elle ne laissait pas un instant son fils en paix, tour à tour insistante, autoritaire, enjôleuse, ou se plaignait avec amertume :
« Tu refuse d’accorder ce dernier plaisir à ta vieille mère, qui s’est tant sacrifié pour toi ! »
A la fin, Korato céda.
“Fait ce que demande la mère”, dit-il à l’Humble Osaku.
Sa tendre épouse lui jeta un long regard, où se mêlaient le désespoir et la résignation :
« Cette fois, dit-elle seulement, il me faudra demeurer trois mois dans le grenier.
__ N’en profiter pas pour paresser, ma bru ! » Cria encore la mère, alors que l’Humble Osaku disparaissait dans les combles.

Pendant un mois, la mère contint son impatience. Mais un soupçon la taraudait. Que faisait sa belle-fille, rêvait-elle au lieu de travailler ? Elle avait manifesté si peu d’enthousiasme ! Et la mère, songeant aux pièces d’or luisant doucement dans la pénombre du coffre, sentait son cœur brûler de convoitise. Un matin du deuxième mois, elle ne put résister davantage et, malgré sa promesse, monta au grenier. Arrivé devant la chambre de sa bru, elle colla l’oreille au chambranle. Aucun bruit, à peine distinguait-on le battement doux et régulier d’un métier à tisser. Alors, dévorée par la curiosité, la mère entrouvrit la porte, très peu, d’un souffle, juste l’espace nécessaire pour jeter un coup d’œil. Ce qu’elle vit lui fit jeter un cri d’effroi ! Devant un grand métier à tisser, une grue cendrée s’arracher les plumes des ailes pour fabriquer le tissu merveilleux, elle était éclaboussée de sang, et sa pauvre tête était exsangue. La mère demeura pétrifiée sur le seuil. La grue cendrée réunit ses dernières forces et s’envola par la fenêtre.

Korato la retrouva le soir à la lisière du bois. Ses ailes mutilées l’avaient empêchée d’aller plus loin. La belle grue cendrée mourut non loin du pin où Korato l’avait jadis trouvée, tandis que le soleil déclinant caressait une dernière fois les tons d’ardoise, le ciel gris nuancé d’argent de sa robe trouée.

13 septembre 2011

Donner

On est sauvé non par l’amour qu’on reçoit mais par celui qu’on donne.
(Henri Gougaud) 

Profondeurs

Dans les profondeurs, l'eau est lisse et lourde du temps qui ne passe pas.
Le secret des courants planétaires et de leurs habitants cachés la parcourent de leurs stries.
Seuls les tsunamis la dérangent parfois, battement de cil.


J'aime cette eau lourde où le bleu devient noir. Où la lumière est silence.  Gigantesque mémoire de ce qui n'est pas connu ailleurs.
J'ai confiance dans ce qui s'y prépare s'accumule et se recycle, à l'infini.
Là-bas, une plage. Et parfois le cadeau.

11 septembre 2011

Elle, lui

Il chante sur scène. Elle est dans la salle.
Il la regarde, intensément. Elle aussi. Comme quand ils sont seuls.
Et sa voix à lui comme une caresse et une brûlure. Celles de cet amour qui leur fait briller les yeux.
Je les regarde. Je savoure la voix, les chansons.
La beauté de ce qui les unit.

9 septembre 2011

Une drôle de semaine arc en ciel. 

Du stress, c'est clair et l'opportunité de dépasser au passage ce qui me gênait ici, et . Affaire classée. 
Toujours étonnant de vivre combien les nœuds peuvent se défaire instantanément, quand c'est le moment. Pourquoi est-ce le moment ? Une belle énigme. 

L'opportunité d'expérimenter que je peux décider d'être "plus dans ma vie" et y être. 
Combien le "rien" ensemble peut être le sel de la vie.
Mercredi, mes cours, puis les enfants, libres à nouveau.  
Jeudi soir, la fête avec celle dont le corps sort à peine de la guerre chimique contre ce qui la rongeait. Le plaisir du bon vin, d'un repas très simple, d'un tiramisu fait en famille, de gâteaux maison à la pâte d'amande et à la fleur d'oranger. 
Des rires, de la joie de vivre, une soirée où l'on laisse de côté tout ce qui n'est pas l'instant. Le passé, les projets.
La raccompagner et savourer notre complicité, une fois encore.

Et aujourd'hui ? La fatigue, de la présence.
La joie de faire, imparfaitement mais avec conscience, en lien, ce que je sais faire.
Le temps pris à l'écoute de celle qui en avait besoin, la décision de ne pas prendre le travail qui reste, car il en reste toujours, de reporter la fin d'une conversation professionnelle pourtant passionnante, parce que là, il n'est plus l'heure, ma vie m'appelle. Mon corps dit stop, et je l'entends.

Pour l'instant je tiens à peu près mes résolutions.
Ce week-end ? Me reposer, vivre, écrire peut-être.

Ah oui, j'ai lu ces derniers jours "l'homme qui entendait siffler une bouilloire", de Michel Tremblay. Une de gourmandises que je me suis offertes mercredi, avec un Gougaud et un Bauchau (quel trio, n'est-ce pas ?). J'ai aimé.

6 septembre 2011

L'homme serpent

Plusieurs mois que j'hésite avec ce portrait-là. 
Parce qu'un frisson me prend à chaque fois.
Le frisson de celui qui est paralysé, se sent comme une proie impuissante.

J'en ai parlé avec d'autres. 
Sans nous concerter, c'est l'image du serpent qui ressort. 
Triste sir ou Kaa (vous voyez les références).
Les abords du pouvoir, le sourire qui n'en est pas un, l'intelligence froide.
Une faiblesse qui peut être cruelle. Peut-être même avec une certaine délectation.
Un malaise avec les femmes que je ne veux pas interpréter. Misogynie, c'est sûr, autre chose de pas clair, peut-être. Je n'aime pas les rumeurs.

Une vraie intelligence, une belle culture, mais je ne sens pas le coeur, ni l'âme affleurer. 
Un ego démesuré, l'incapacité à dire directement les choses, qu'elles soient positives ou négatives.

C'est une énigme pour moi. Comment le désir de pouvoir et la frustration de ne pas avoir ce qu'il a désiré plus que tout peut à ce point manger l'humanité d'une personne. L'ombre règne. Et pourtant il y avait autre chose de possible en lui.

Bref, je n'ai pas confiance. Il n'a pas confiance non plus. Cela s'arrange un peu car il constate les résultats et les alliances conclues après tant de mois de travail acharné et passionné.  Il y a un mais cependant, que je lis dans ses yeux même si les échanges sont courtois et souriants. Hypocrisie que j’exècre, parce qu'elle est pleine de mépris, de jugement.

Je ne suis pas indifférente à son regard sur moi. 
Je crois que c'est ce qui me trouble. 
Comme s'il voyait quelque chose que je ne vois pas, n'identifie pas, un reste de dépendance à l'opinion d'autrui qui a pouvoir de me faire mal, peut-être même de me détruire. Mon ego, encore tellement démesuré.
La dague étincelante dans le gant de velours pourpre. Digne de la cour de Catherine de Médicis. D'ailleurs, la collerette lui irait bien ;-) 

Ce matin, un net soulagement quand il est parti de la réunion que nous animions. 
Le sang est revenu sur les visages, les langues se sont déliées. 
Et pourtant, le contenu de son discours était presque parfait...

L'identifier comme un facteur de progrès personnel. 
Je dois trouver ma force même devant son regard, et elle ne passe pas par le rejet, mais par l'acceptation de cette part de moi que je ne veux pas voir aujourd'hui. L'acceptation totale de celle que je suis.

Edit du 10/09
Depuis ce portrait, l'impression a changé. Débarrassée de ce qui était pesant pour moi dans son regard, je vois cette détermination qu'il exprime auprès de ses proches collaborateurs, et pas aux autres. Cet enfermement dans lequel il est parfois.
Je perçois aussi ce qui est particulier dans mon approche, et qu'il n'a pas. 

Les interactions sont devenues presque confortables, je ne suis plus paralysée.
Encore une fois l'effet d'aller toucher ce qui fait mal à l'intérieur de ce qui fait mal, le retournement qui se produit, alors. 
Au bout du yin, est le yang, et inversement

3 septembre 2011

Petite mythologie

Les 300 chevaux blancs de l'enfant bleu,
les chevaux blancs de Camargue, sauvages,
leur rythme fou, joyeux, dans le vent salé,
le froissement des ailes sur leur passage
leur seule limite, l'horizon.

C'est comme ça que j'ai envie de vivre, au cœur.
J'y suis parfois, élan de joie.
Ce presque rêve comme un cadeau.


Quelques extraits trouvés sur Wikipedia, et qui touchent "juste"
Le cheval Camargue ne reçoit aucune éducation. Toutefois, quand on s'en occupe, il montre bien plus d'indépendance que d'indocilité ; il a plus d'intelligence encore que de sauvagerie. Avec la douceur, on lui fait vite comprendre ce qu'on veut de lui ; la brutalité, au contraire, le révolte et l'exaspère. On en a la preuve toutes les fois qu'on essaye de le faire passer brutalement de la vie libre à la vie domestique. Il ne se soumet pas sans résistance au régime des coups de bâton qu'on lui inflige souvent pour lui faire accepter, sans préliminaire, ou des traits ou la selle
— Eugène Nicolas Gayot, La connaissance générale du cheval: études de zootechnie pratique37.

 Le cheval de Camargue est toujours maintenu par ses éleveurs en élevage extensif de plein air traditionnel, souvent avec des bovins. La plupart d'entre eux vivent ainsi en totale liberté toute l'année, et ne sont rassemblés qu'une fois par an []. Les chevaux font face à un climat difficile, caractérisé par l'humidité constante, la présence de hordes d'insectes, et une certaine rigueur en hiver, accentuée par des vents violents54. Le camarguais résiste aux longues abstinences, aux intempéries, et aux grandes étapes de randonnée2. Son instinct est « infaillible » et son pied, large et sûr, est adapté à son mode de vie dans les marais, en milieu subaquatique1. Comme les bovins, il forme parfois des relations symbiotiques avec des oiseaux, tel que les aigrettes60 ou le héron garde-bœufs.

Je change de manager ces temps-ci. Il a plein de qualités et nous nous apprécions de longue date.
Je l'ai prévenu un peu brusquement hier et je l'ai senti agacé.
Ce n'était pas bien adroit mais c'est fait, alors autant en rire ...

2 septembre 2011

La rencontre

Finalement, le silence n'aura pas été long. 
Utile pour tester en vrai mes bonnes résolutions toutes simples, voir si certaines m'aident vraiment, et lesquelles.

Cette nuit, j'ai compris ce qui me fait mal parfois. 
Ce sentiment de côtoyer tant de gens sans qu'il y ait rencontre. 
Dans l'urgence du produire, montrer, valoriser. 
Cette inhumanité quotidienne m'épuise.

Pourtant, j'ai conscience d'être assez privilégiée :
je me nourris de chaque instant qui le permet, 
je le suscite chaque fois que possible, 
je le pratique dans tous mes métiers, 
je les écris parfois ici, 
je prends des temps pour me rencontrer, et ce qui me dépasse avec,
mais ce n'est pas encore assez.

A décanter encore, très certainement


Un extrait qu'Alain Badiou, philosophe, avait donné à Télérama l'année dernière sur la rencontre amoureuse, et il en est de bien d'autres sortes ( l'interview complète est )

"Qu'est-ce qu'une rencontre ?
C'est un élément contingent, hasardeux, dans l'existence. Quelque chose vous arrive que rien dans les repères que vous aviez dans le monde ne rendait nécessaire ou probable. Vous rencontrez quelqu'un que vous ne connaissiez pas et qui cependant vous frappe, vous attire, entre dans votre vie...
Dans Eloge de l'amour, vous dites, en substance, qu'il n'y a pas de rencontre sans risque...
Une rencontre véritable assume toujours l'idée d'être le début d'une possible aventure. On ne peut réclamer un contrat d'assurance avec celui qui a été rencontré. Puisque la rencontre est un élément incalculable, si on tente de réduire cette insécurité, on supprime la rencontre elle-même, c'est-à-dire l'acceptation que quelqu'un entre dans votre vie, et quelqu'un au complet. C'est justement ce qui distingue la rencontre du libertinage.
La rencontre, dites-vous aussi, suppose une construction.
Je dis ça des suites de la rencontre. Il faut bien qu'elle donne lieu à inventions, conséquences partagées. Et cette construction ne peut être laissée au pur hasard, parce qu'elle se compose de toute une série de décisions.
Mais dès les prémices, la rencontre n'est pas pour vous une expérience...
L'improbabilité la distingue d'une expérience ordinaire. Lorsque la rencontre vous arrive, que vous avez très fort le sentiment que ça vous arrive, il y a un phénomène d'attirance ou de répulsion – parfois les deux se mêlent – pour ce qui vient perturber le rythme de votre existence. L'expérience, elle, peut parfaitement s'intégrer dans les activités professionnelles ou familiales, tandis que la rencontre est un commencement. Mais le commencement de quoi ? C'est là qu'on entre dans l'acceptation. Accepter ou refuser ce qui vous arrive. Pour prendre l'exemple de la rencontre amoureuse, tout le problème est de savoir si on va la déclarer. On parle de déclaration d'amour. Il faut que la rencontre ait été déclarée, c'est-à-dire acceptée.
C'est la condition pour qu'elle existe vraiment ?
Oui. Une personne s'est trouvée là en même temps que vous, vous avez échangé des regards, quelque chose s'est passé. Mais tant que ça n'a pas été prononcé, déclaré, scellé, la rencontre reste suspendue."