2 décembre 2011

Fragilité

Dans les quelques principes essentiels qui portent mon action, il y a cette croyance que chacun recèle forces et faiblesses, et qu'un rebond est possible, en tout cas qu'il ne m'appartient pas d'imaginer qu'il soit impossible. 
On ne peut pas dire que ce soit la façon de voir la plus couramment répandue en entreprise (ni dans la vie courante, d'ailleurs, ni parfois, comble du comble, en thérapie...).

Je le crois car j'ai vécu cette renaissance. J'ai vu d'autres la vivre.

Pour cela, accueillir en liberté, prendre soin, et laisser advenir, en confiance.
(la confiance, le courage, la mémoire, nous disent les yoga sutra)

Bien sûr, il ne s'agit pas de "convertir" qui que ce soit sur ce sujet, mais seulement de mettre en place les conditions favorables, les repères, les compétences, pour laisser agir ceux qui le croient possible.
Nous trouverons les soutiens, les partenariats qui vont bien, internes et externes, et nous le ferons.
Quand bien même cela n'aiderait qu'une personne de plus, cela en vaudrait la peine.


Tout ça pour dire que la stigmatisation de ceux qu'on appelle un peu facilement "fragiles", parce qu'un jour ils ont laissé voir un accroc dans la façade bien lisse m'horripile. Trop facile de les laisser sur le bord du chemin, injuste, et inefficace. Un gâchis.


Hier nous posions les premières bases de notre projet, et hier soir je tombais quasi par hasard sur cette intervention de Marie Balmary à un colloque de l'Arche. Vous verrez, c'est si lumineux. L'intelligence au service du cœur.

Ce qu'elle dit de la fragilité est bouleversant, au sens propre, car cela renverse les perspectives. 

La fragilité, c'est ce qui permet de nous savoir incomplets, et à partir de ce constat, de nous porter au lien, à l'autre, au Tout, quel que soit le nom qu'on lui donne. 
La force dans son extrémité maladive, en tant que refus de la fragilité, recherche de contrôle, peut pousser à refuser ce lien, à refuser l'autre. A blinder notre coquille, jusqu'à étouffer à l'intérieur.

Oui, je suis fragile, et je le revendique. 
C'est peut-être ma plus grande force, puisque c'est ce qui m'ouvre (parfois, dans ma moindre mesure) à l'acceptation de l'autre tel qu'il est, à l'amour.

Un bon exemple de dvandva (l'intégration des opposés).

3 commentaires:

  1. Bonjour Lise,
    très belle note et merci pour le renvoi.
    Je préfère quand à moi parler de sensibilité plutôt que de fragilité, un terme que je trouve connoté et métaphorique. La sensibilité l'englobe, la dépasse, la neutralise et la subjectivise.
    D'expérience, le contact avec le bouillon corporel permet très clairement d'identifier sous la peau ce qu'est la coquille, l'absence de sensibilité : le moi et sa construction, le corps, une structure de contrôle des flux de la vie.
    En ce qui me concerne encore, l'état méditatif n'est possible que lorsque cette coquille se pulvérise et elle ne le peut que progressivement, par la pratique du retournement des sens. Chaque millimètre cube de l'espace l'intérieur est senti, sensibilisé, renaissant.
    Un renaissance dans la soufflerie du corps.
    Cela me donne envie d'écrire.
    Merci encore et bon week-end.

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  2. Je me retrouve dans tout ce que je viens de lire, même si je suis consciente de ne pas être "à la hauteur ...."

    Mais que faire? Qiu penser? Comment être face à ceux qui,dans notre quotidien,ne sont pas conscients, n'ont pas ce discernement ??
    Parfois j'enrage ...ou je pleure.
    Nicole

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  3. Nat,
    Chacun son chemin. heureusement, il en existe de plein de sortes :-)
    Oui, sensible, bien sûr. Mais j'aime les paradoxes auusi ;-)Je passe lire chez toi.

    Nicole,
    Merci pour ton commentaire. Il me semble qu'on peut qu'agir chacun à la mesure de ses moyens. Juste changer de regard sur l'autre, parfois, voir ses possibles plutôt que ses limites, peut être le déclencheur de la renaissance.
    Se concentrer sur ce qu'on peut faire, pas sur ce qui n'est pas fait par d'autres, permet d'éviter de tomber dans le désespoir. Je crois aux gouttes d'eau qui...

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